Les travaux d’élargissement et de modernisation de la sortie est de Ouagadougou se poursuivent. Cette route était jadis surnommée « le tronçon de la mort » à cause des accidents qui ont causé la mort de plusieurs personnes dont des étudiants se rendant à l’université Thomas Sankara à Gonssin. En attendant la fin des travaux dans deux ans environ, entre poussière et autres désagréments, les riverains se consolent en espérant un ouvrage de qualité qui leur fera oublier les années de galère.
Gampéla, commune de Saba, sortie Est de Ouagadougou. Environ 300 m après le péage, et le pont Massili un nuage de poussière alerte. À Partir De là, plus de bitume. Les camions de la société commise pour les travaux se disputent la voie rouge avec les bus de transport en commun. Ils laissent derrière, un épais nuage de poussière. À moto, il faut ralentir, ajuster son cache-nez.
Au bas-côté de la route, un restaurant avec des toits rougis. Bibata Tall, le foulard couvrant la bouche sert de l’eau à un client. Heureuse, elle salue la poursuite des travaux d’élargissement et de modernisation de la voix. Ils ont été lancés le 30 septembre 2023. Une joie qui cache un autre sentiment : celui des désagréments.
« Je préparais du riz sauce, du riz gras et autres mets. Mais à cause de la poussière je ne fais plus rien de tout cela. Je vends des gâteaux, du zoom kom (Ndlr, jus fait à base de farine de petit mil). On ne peut plus préparer à cause de la poussière, personne ne veut encore venir s’asseoir pour manger », se plaint-elle. Bibata a dû se séparer des 4 jeunes filles qui travaillaient avec elle.
Une cuillerée de poussière
Un peu plus loin, Oumou Kabré sert des plats de haricot à ses premiers clients de la journée. Avec une éponge, elle essuie régulièrement les abords de son kiosque qui sert de table à manger. C’est le même calvaire qu’elle dit vivre depuis le début des travaux. Elle également regrette un arrosage non régulier de la route en travaux.
« On sait qu’à la longue on aura des problèmes de santé. Les gens de la société arrosent, mais pas tous les jours. Souvent du matin au soir, ils n’arrosent pas. Certains clients nous ont fuis, d’autres viennent commander pour partir. Quand on mange dans la poussière, ce n’est pas évident », explique-t-elle.
Devant son plat de Benga, Abdou, un jeune ouvrier avale goulûment des bouchées. « Si je m’assieds, c’est la poussière je risque de manger. Bon, ce n’est pas simple en tout cas, mais il faut aussi qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs », image-t-il. C’est ce qu’estime également Étienne Hima, mécanicien installé aux abords de la route en construction. « Pour arranger ce n’est pas toujours facile. Il faut passer par des étapes difficiles », dit-il.
Par contre, le jeune mécanicien comme les autres riverains plaident pour un arrosage régulier de la route. « Vous voyez, c’est une route qui est très fréquentée. S’ils arrosent, quelque temps après c’est comme s’ils n’avaient rien fait. Il y a trop de gens qui passent par là. Il faut qu’ils arrosent régulièrement et surtout au moins deux ou trois fois par jour », propose le mécanicien. Nous avons tenté en vain d’avoir un entretien avec les travailleurs de la société.
36 mois d’endurance
En route pour l’université Thomas Sankara située sur le tronçon, à Gonssin, l’étudiant en économie Kogo Latif ne peut s’empêcher de rappeler qu’il y a quelque temps, lui et ses camarades avaient donné de la voix pour l’élargissement de la route. « Cette route-là a fait beaucoup de victimes. On a perdu au moins deux étudiants, et certains y ont fait des accidents graves. Donc on est contents des travaux », dit-il, tout en espérant que les désagréments constatés seront de courte durée.
Petite serviette par-dessus le nez, Nathanaël Ouédraogo passe par là chaque jour. En plus de la poussière dont il se protège avec ses moyens de bord, il dit regretter la grande hauteur des ralentisseurs qui créent des accidents. « Je pense qu’à certains niveaux de la route, il fallait qu’ils accélèrent les travaux avant le début de la saison pluvieuse. Vous voyez avant le poste de gendarmerie là, quand il pleut c’est pas la peine. On ne peut pas passer. Des camions et véhicules s’embourbent là-bas. Imaginez si la pluie commence vraiment », présage le riverain.
C’est le 30 septembre 2023 que les travaux d’élargissement et de modernisation de la route nationale N°4 (RN4), à la sortie est de Ouagadougou ont été lancés. Le projet vise à assurer une liaison directe entre le centre-ville et les quartiers de banlieues notamment Dassasgho, Wayalghin, Bendogo, Nioko 1, Saaba, Barogo, Gampela ainsi que la voie d’accès à l’université Thomas Sankara. Le coût global de ce projet est de plus de 89 milliards FCFA, avec un délai d’exécution de délai d’exécution de 36 mois hors saison pluvieuse.
Tiga Cheick Sawadogo