Le report de la 16e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) a surpris la plupart des artisans à une semaine de l’évènement. Selon le président de la Fédération nationale des artisans du Burkina Faso Pierre Yaméogo, dit Maitre Pierre les artisans burkinabè avaient contracté des prêts et engager des dépenses.
Vous aviez prévu d’aller au SIAO mais il est reporté. Quel était les précatifs que vous aviez mis en place ?
Chez nous les stylistes, nous étions en train de terminer la production pour aller vendre, exposer et faire la promotion de l’entreprise, de nos productions s’articulent sur le pagne faso dafani à travers une diversité de modèles. Ce sont des chemises, les tuniques, les grands boubous des chefs, des vestes ainsi de suite. On avait produit de nouveaux modèles.
L’impact est grand pour vous alors ?
L’impact est grand. Il y aura d’autres charges de plus. On était fin prêts pour le SIAO. Vu ce report, en tant que styliste, on ne peut pas emmagasiner, déposer et dire qu’on va attendre le prochain SIAO. On est obligé de revendre nos œuvres à celui qui est intéressé. Cela veut dire que si le SIAO est, à nouveau programmer, il faut repartir pour une nouvelle production. Cela va engendrer beaucoup de charges encore parce qu’avec ce SIAO, on s’attendait à avoir un marché national et international, donc avoir plus de clientèles encore. Mais, on est obligé d’attendre.
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Est-ce que vous avez été consulté avant de prendre la décision du report ?
Tout à fait. Nous travaillons on travaille en étroite ligne avec la direction générale du SIAO. Notre siège est au sein même du SIAO. J’ai toujours dit que c’est un Etat dans un Etat. Chaque fois, nous avons des concertations avec eux. Nous avons un représentant qui est administrateur au sein du SIAO. Chaque fois, nous avons des concertations. On échange souvent sur les perspectives sur l’organisation même du SIAO. En tant que responsable de la Fédération nationale des artisans du Burkina Faso, nous mettons des stands au sein même de notre siège pour aider nos membres. Il y a nos collègues de différents pays de la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin et le Mali de venir y exposer. Avec eux, nous avons des concertations, des rencontres de sensibilisation et de mobilisation. Nous avons été concerté parce qu’au moment du report, les documents officiels nous ont trouvé ensemble avec le DG sur l’avenir même. Mais vu la situation du pays, le gouvernement même n’a pas été encore mis en place, cela a nécessité ce report parce que nous ne pouvions pas faire le SIAO sans un ministre de tutelle.
Vous comprenez donc la décision de reporter le SIAO?
En tant que acteur de la mode, on comprend à moitié parce que nous étions à quelques jours du SIAO et cela a été reporté. Nous nous disions même que le président IB (ndlr. Ibrahim Traoré), avait rassuré que les secrétaires généraux des ministères pouvaient assurer tout ce qu’il y a comme activité au sein de leur ministère. Nous nous disions que ces derniers pouvaient continuer surtout qu’il restait quelques jours. Ils pouvaient continuer et essayer de mieux s’organiser pour les années à venir.
Nous avons parcouru quelques villes comme Kaya, Koudougou, Tchériba, il ressort que les gens sont très déçus au moment où ce report a été annoncé. Est-ce que vous avez le retour de vos membres ?
Ce report a été un coup pour nos artisans parce qu’au début de la programmation du SIAO, il y a eu de la sensibilisation un peu partout. Je pense qu’il fallait procéder par la même manière pour que les artisans soient informés à temps. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous vivons sur des accompagnements financiers. Ils ont pris des engagements. Ce report va jouer sur ces engagements parce que nous sommes accompagnés par des microfinances. S’ils étaient informés à temps, chacun pouvait entreprendre des démarches auprès des partenaires pour s’expliquer et avoir d’autres reports sur ces échéances. Les artisans se plaignent parce qu’ils étaient déjà prêts, ils ont déjà emballés leurs marchandises, ils ont payé des billets, sur place à Ouaga, ils ont loué des maisons pour se loger pendant le SIAO.
Est-ce que ce report ne va pas porter un coup sur l’artisanat au Burkina ?
Moi-même je suis promoteur des Nuits du Faso dan fani à Koudougou qui se passent durant cinq jours. Qui reporte, cela ne vient pas de son plein gré de le reporter. Il y a des obligations qui font qu’on le reporte. On n’a pas le choix. On est obligé de suivre ces organisateurs qui trouvent que le report sera quand même un truc qui va permettre de bien s’organiser pour ce SIAO. Il y a l’insécurité au Burkina, il y a gouvernement qui n’est pas encore mis en place. Mais ça va créer un souci à nos acteurs parce qu’ils avaient déjà entrepris des démarches.
En tant que acteur, est ce que les organisateurs ont évoqué avec vous une éventuelle date ?
Dans nos échanges, il avait été dit qu’après la mise en place du gouvernement on aura la chance que le SIAO soit reprogrammé. Même au niveau international, il y a des artisans qui ont déjà convoyé leurs marchandises au Burkina Faso et les marchandises étaient au niveau de la douane. Certains avaient déjà pris leurs billets d’avions.
Interview réalisée par
Martin Kaba
Sylvie Tiemtoré
Boukari Ouédraogo