Bolon: Une ethnie que le tribunal des préjugés condamne sans jugement
Un groupe de l'ethnie bolon à l'occasion de la semaine nationale de la culture au Burkina Faso, Photo Burkina.24

Bolon: Une ethnie que le tribunal des préjugés condamne sans jugement

Etre de l’ethnie Bolo est mal perçu par certains. Pire, cela pousse des Bolons au repli sur soi et même à se renier. Tout est mis en oeuvre pour que des Bolons cachent leur appartenance ethnique. Une entité de la soixantaine d’autres au Burkina Faso que le tribunal des préjugés condamne sans jugement.

« Nos parents nous ont dit que le mariage entre notre ethnie et les Bolons, c’est interdit. Parce que ça apporte de la malchance », a fait savoir ce citoyen. Pour un autre, déclarant n’avoir « jamais vu quelqu’un qui dit qu’il est Bolon », confie avoir appris que « si tu couches avec une fille Bolon tu diminues de taille et ton sexe disparaît ».

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C’est clair que ce qu’il a appris sur les Bolons nourrit en lui la peur. Et pourtant il reconnait que les filles Bolons « sont très belles ».

Cet échantillon de préjugés et de rumeurs nourrit la marginalisation, la stigmatisation, et de la frustration qui  poussent certains de cette ethnie à un repli sur soi, voire au déni d’identité.

Faits marquants

Jeune fille Bolon, Rachel Dayo en a été victime. Quelques fois déjà, elle est passée à côté du mariage du fait de son appartenance ethnique. « (…) jusqu’à présent je n’ai toujours pas de partenaire. Chaque fois que je débute une relation, lorsque la personne apprend que je suis Bolon, ce dernier trouve une raison pour mettre fin à la relation, ça fait que je suis à ma troisième relation sans succès», raconte-t-elle la gorge nouée. 

Egalement de l’ethnie Bolo, Asmao Zobon, elle, a réussi à avoir un foyer. Mais la suite est dramatique. Dans la petite histoire de leur rencontre, les parents étaient contre. L’amour a fini par triompher. Mais… accident de son époux. Le tribunal des préjugés désigne son coupable. Asmao. Auteure de l’accident du père de son enfant.

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Suite à cela, il lui est interdit de se rendre au chevet de son époux alité dans un centre de santé. Et pire, on dit d’elle qu’elle vient pour achever la mise à mort de son mari. On la met à la porte avec son bébé. « (…) c’est vraiment douloureux », se plaint-elle, les yeux embués de larmes.

Et pourtant, certains vivent heureux dans leur couple. C’est le cas, par exemple, du couple Siri. Le mari explique que c’est suite à un vrai parcours du combattant. Ses parents ne voulaient pas. Ils se marient et « la même année que j’ai été admis à mon test d’intégration et madame aussi eu le concours de l’enseignement », affirme M. Siri. « Où est le malheur ? », demande-t-il, avec un brin d’ironie.

Et pourtant…

Relevant de cette communauté, Seydou Dagnon fait remonter l’histoire des Bolons.  

« Le problème bolon est venu après une guerre. C’est lors de la conquête dans les régions des territoires bolons pour former le royaume de kénédougou ». Il ajoute que « c’est quand ils n’ont pas pu vaincre les bolons avec leur résistance qu’ils les ont qualifiés de ‘’bolon’’. Ça veut dire peuple face à qui nous avons perdu ». A l’en croire, c’est là que les préjugés ont commencé.

Il faut signaler que le Bolon est une ethnie originaire de la grande famille malinké. On les retrouve dans les régions des Hauts-Bassins et de la Boucle du Mouhoun. Il faut aussi retenir que les noms de famille ne peuvent pas permettre d’identifier les Bolons. Mais les Thioro, Dagnon, Ouattara, Barro, Konaté, Koné, Koéta, Sanou, Traoré, etc. sont des patronymes fréquents chez les Bolons.