Des élèves du primaire déjà dépendants aux stupéfiants. Eh bien, il en existe! Yolande Clarisse Tiendrébéogo, attachée de santé et spécialiste en santé mentale reçoit des patients, adolescents, pour des consultations et des prises en charge psychiatriques. Des cas fréquents qui l’ont encouragée, avec des collègues, à créer l’association jeunesses sans stupéfiants. A Koudougou, la structure a organisé un camp vacances au profits des adolescents et de jeunes sur ces petites curiosités malsaines qui peuvent entraver leur avenir.
A Koudougou dans la province du Boulkiemdé, le village Laafi est reconnaissable par son architecture. Il porte la griffe du célèbre architecte Francis Kéré. C’est là, au quartier Burkina, que l’association Jeunesse sans stupéfiants s’est mobilisée pendant une semaine pour un camp vacances. Les campeurs, une cinquantaine, sont âgés de 11 à 22 ans. Dans une salle, en ce premier jour du mois d’août 2024, ils sont assis. Silencieux, l’air attentif, les yeux figés, ils regardent un film documentaire intitulé : Drogue à l’école, alerte rouge !
C’est le dernier acte d’un module sur la consommation des stupéfiants en milieu scolaire. Comme pour nous faire savoir que la leçon est bien passée, Grâce Marie Elodie fait le résumé. « On a dit que ce qui pousse les jeunes à s’adonner à la consommation des stupéfiants, c’est souvent le mimétisme, la curiosité ou bien les mauvaises compagnies. Comme conséquence directe, on a la déscolarisation chez les jeunes élèves, la folie, la dépression », nous explique celle qui est venue de Ziniaré dans la région du plateau central pour ce camp vacances.
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Elle confirme que dans son école, voir des élèves fumer la chicha, la drogue ou autres alcools durs, passe pour être un fait anodin. « Je connais quelques rares filles même, mais la majorité, ce sont des garçons. Les filles qui rentrent dedans sont en relation amoureuse. Si le garçon est dedans, elle aussi va rentrer », poursuit la jeune bachelière. Selon elle, la solution proposée lors de la formation est simple : « c’est l’abstinence. Comme on le dit, c’est tester et rester. Si tu testes, tu vas rester ».
Au regard de toutes les conséquences énumérées par la formatrice, Wendkuni Kenza Bancé, une autre participante se demande bien « pourquoi les jeunes consomment ça ». Ils devraient savoir tout ce qu’ils ont à perdre. Désormais bien alertée, la participante de Ouaga se donne une mission. Celle de sensibiliser les élèves de son école « pour qu’ils évitent cette substance ».
Agir en amont
L’association jeunesse sans stupéfiants existe depuis cinq ans. C’est une réponse des acteurs de la santé mentale face à la récurrence des consultations d’adolescents pris dans les tenailles des stupéfiants. « Nous travaillons dans les services de psychiatrie. On a remarqué de nos jours que beaucoup d’élèves viennent en consultation psychiatrique pour des problèmes liés à la consommation des drogues (…) même au primaire, certains en consomment. Si la prévention commence tôt, ça aide. Pour ne pas attendre que le mal s’installe avant de prendre des décisions, on s’est constitués en groupe pour aller vers eux et les prévenir », justifie la présidente de l’association, Yolande Clarisse Tiendrébéogo.
Face aux jeunes campeurs elles insistent sur les stupéfiants dits licites. Notamment l’alcool ou la cigarette dont on peut se procurer à tous les coins de rue. « Ce n’est pas parce que c’est licite, vendu qu’il faut en consommer, sinon on en devient dépendant. Vous avez compris ? » avait-elle lancé auparavant au groupe attentif qui en chœur a répondu « Oui ».
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Cette année, le groupe de campeurs compte 15 personnes déplacées internes logées dans des familles d’accueil. Un choix évident selon la présidente pour qui, « l’objectif est de toucher cette cible au regard de ce qu’elle a vécu comme difficultés, traumatismes et qui les rend vulnérables et exposés aux stupéfiants ».
Jean Eudes Ouédraogo étudie en internat. Élève en classe de 1re, il avoue n’avoir jamais eu des discussions sur cette thématique avec ses parents. C’est bien outillé qu’il dit repartir. Il sait que s’il veut réaliser ses rêves, il va lui falloir fuir certaines fréquentations nuisibles. Résister aux tentations et se garder de certaines curiosités. De 8h à 16h pendant une semaine, les campeurs ont bénéficié d’autres formations sur le secourisme et la transformation des pneus usagés.
Tiga Cheick Sawadogo