Sans surprise, le colonel-major Oumarou Sawadogo a été élu président de la Fédération burkinabè de football (FBF) le samedi 31 août 2024 à Ouagadougou. Ce militaire, qui arrive dans un contexte marqué par des dissensions, promet de restaurer l’unité et de promouvoir un football performant. Son portrait.
Dans la salle, Zemstaaba de la direction technique de la Fédération burkinabè de football (FBF), tout de blanc vêtue, Oumarou Sawadogo suit avec attention le déroulement de l’Assemblée générale élective. Juste à côté, le président sortant, Lazare Banssé, observe la scène. Les deux hommes échangent régulièrement, témoins d’une camaraderie persistante malgré l’imminence du changement de pouvoir.
Après les votes, le dépouillement, lorsque le président de la commission électorale annonce officiellement les résultats, un petit silence précède l’explosion d’applaudissements. Lazare Banssé se tourne et félicite son successeur avant que celui-ci ne monte sur le pupitre pour son discours. Oumarou Sawadogo, qui a recueilli 99,02% des voix, soit 203 votes sur 210, a clairement l’assentiment de l’assemblée.
Sans attendre, le nouveau président, entouré par certains membres de son équipe, prend la parole pour délivrer son message. « Ce mandat est une mission de large ouverture, un devoir de servir et surtout de bien servir le football burkinabè jusqu’en 2028 », mentionne-t-il, estimant qu’il s’agit d’un « partage du consensus prôné et un engagement des acteurs du football à se démarquer des pratiques divisionnistes ».
Un homme discret mais ferme
Une fois son discours terminé, Oumarou Sawadogo, comme pour rester fidèle à ses paroles, invite tous ceux qui ont accepté son message de « consensus » à se joindre à lui pour une photo. Il insiste particulièrement sur la présence des quatre anciens candidats : Ali Guissou, Ousmane Boly, Moussa Diallo et le président sortant Lazare Banssé. L’ancien international burkinabè, Jonathan Pitroipa, ( dont le dossier avait été rejeté) est absent.
Colonel-major à la retraite, Oumarou Sawadogo, bien que discret, n’est pas un inconnu dans le monde du football burkinabè. Ses promotionnaires d’âge du quartier Nemnin de Ouagadougou reconnaissent en lui, un vrai passionné de football. Il participait fréquemment aux différentes compétitions de football. Sans avoir une carrière de footballeur, Oumarou Sawadogo fait ses premières armes au sein du bureau de la section football de l’Union sportive des forces armées (USFA), où il a servi de 1988 à 1990.
En 1998, lorsque le Burkina Faso organise la Coupe d’Afrique des nations, Oumarou Sawadogo joue un rôle crucial en tant que membre du comité d’organisation sous la présidence du colonel Souley Mohamed, alors président de la FBF. Ce fut pour lui une première immersion significative dans la gestion des événements sportifs d’envergure.
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Entre 2010 et 2011, il est nommé directeur central adjoint des sports des Armées, avant de prendre la vice-présidence du comité exécutif de l’USFA. Cela lui laisse le temps de se préparer pour finalement prendre les rennes de l’équipe Omnisport de l’Armée.
En effet, à partir de 2015, il préside le comité exécutif de l’USFA pendant cinq ans. Durant cette période, son équipe remporte à nouveau la Coupe du Faso en 2015 et atteint la finale en 2017. Son dernier poste officiel est celui de président par intérim de l’Office de liaison de l’Afrique de l’Ouest (OLAO) reconnue pour l’organisation de compétitions sportives entre forces armées membres.
La rigueur comme méthode de travail
Le colonel-major Oumarou Sawadogo, à la retraite depuis 2021, s’est présenté à cette élection comme le candidat de l’unité et du renouveau au sein de la FBF, un message qui a trouvé écho auprès de plusieurs acteurs influents du football burkinabè. Parmi eux, Amado Traoré. Après deux tentatives infructueuses pour présider la FBF, il a choisi de soutenir Oumarou Sawadogo, rappelant leur jeunesse partagée dans le même quartier. Il le décrit comme « un homme à la fois ouvert et ferme ».
Raymond Dagba, dit Papy, déjà membre du bureau de la FBF de Lazare Banssé, soutient également cette candidature. Il se montre confiant : « Je connais sa rigueur dans la gestion et sa quête de l’excellence. Je suis sûr que nous allons pouvoir mettre un terme aux guéguerres et travailler pour le développement de notre football ».
Oumarou Sawadogo, jadis supérieur du chef de l’État Ibrahim Traoré dans la région militaire de Kaya, rejoint ainsi la liste des militaires ayant présidé la FBF, aux côtés du colonel Souley Mohamed, du général Honoré Nabéré Traoré, et du colonel-major Sita Sangaré.
Avec la crise qui a ébranlé le football burkinabè sous le mandat de Lazare Banssé, Sawadogo s’engage à réconcilier les acteurs du football tout en redynamisant les bases, notamment à travers les petites catégories. La tâche est immense, mais pour Oumarou Sawadogo, il ne s’agit pas seulement d’un mandat, mais d’une mission.
Boukari Ouédraogo