Il est désormais possible, en cas d’infraction commise en circulation, de payer la contravention sur place, par mobile money. C’est une innovation de la Police nationale. Pour des usagers, payer sur place leur permet de vaquer tranquillement à leurs occupations. Mais c’est également un outil de lutte contre la corruption.
Rien qu’en observant, l’on passe par toutes les émotions ! De la pitié à la colère, en passant par ces scènes qui font rire. Tenez ! Le feu passe au rouge, il vient royalement passer. Un autre circule, téléphone en main et consulte l’heure. Interpellés par les équipes en faction aux carrefours, ils nient les faits, jurant par tous les dieux. Personne ou très peu reconnaissent les infractions.
Il s’en trouve même qui s’énervent devant l’autorité, au point de proférer des malédictions. Certains négocient afin qu’on les laisse partir, en toute impunité. C’est ainsi une journée des agents de la Police nationale commis à la section circulation de Ouagadougou.
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Les usagers de la route qui sont interpellés voient soit leurs engins conduits à la fourrière, soit l’un des documents (permis de conduire ou carte grise) saisis. Ils devront se rendre à la section circulation de la Police nationale pour les récupérer contre paiement d’une contravention. De façon manuelle, à l’ancienne !
Mais depuis le 11 juillet 2023, la Police nationale s’est mise au digital pour le paiement des contraventions. Avec la dématérialisation du paiement des contraventions, c’est une ère nouvelle qui se lève pour cette institution. La mesure permet aux populations de se mettre en règle vis-à-vis de la loi, sur place au lieu de l’infraction, et vaquer tranquillement à leurs occupations sans engin en fourrière. Cela parce qu’aucun document n’est saisi.
Enrayer toutes les pratiques occultes
Elle limite également le maniement des numéraires, avec tout ce que cela implique. Le Capitaine de Police, Yamyia Sawadogo, du Service régional de la Circulation et de la Sécurité routière du Centre de la Police national indique que la mesure a pour « (…) objectif d’enrayer toutes les pratiques occultes qui sont de nature à ternir l’image de certaines institutions, notamment la corruption ». Il explique qu’avec le paiement électronique, « les agents ne peuvent plus procéder à ces pratiques parce qu’ils ne touchent pas l’argent ».
Ainsi, classée 3e au dernier classement du Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) (2021), la Police nationale pourrait améliorer la perception que certaines populations ont d’elle. Pour ce faire, il faudrait faire adopter le paiement électronique des contraventions, par les usagers.
En quoi consiste le paiement électronique des contraventions ?
A entendre le capitaine Sawadogo, il est question d’une « plateforme numérique qui consiste à faciliter le paiement des infractions contraventionnelles en matière de la circulation routière sur place sans avoir besoin de se déplacer ». Ainsi, pour un usager qui commet une infraction, selon Yamyia, il lui est demandé son document d’identité pour son enregistrement sur la plateforme numérique. Ensuite, son contact téléphonique sur lequel est envoyé un message via la plateforme électronique qui comporte le code de paiement de la contravention.
Et pour payer la contravention, il suffit de composer *144*7*4*1*code de la contravention envoyé via votre numéro et #. « Quand vous allez valider, la plateforme vous demande d’enregistrer, de valider par votre code PIN. Si vous validez par votre code PIN, vous allez recevoir un message qui atteste que vous venez d’effectuer votre paiement e-contravention avec succès », oriente le capitaine de Police.
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Madame Berthé rencontrée au poste de Police, venue payer sa contravention, estime que par rapport à l’ancien mode de paiement, il y a une certaine transparence. A l’en croire, « il n’y a pas de manipulation d’argent, on ne le remet pas main à main ». Et pour elle, cela est preuve de transparence. « Il n’y a pas de négociation, il n’y a pas de pardon non plus. On s’exécute et chacun quitte », précise-t-elle.
Le jeune commerçant, Ousmane Ouédraogo, n’a pas respecté le feu tricolore. Interpellé, il se met en colère et se calme après. Lorsqu’on l’invite à payer, il dit qu’il n’a pas d’argent sur son compte mobil money. Mais il se ravise ensuite, et accepte s’acquitter. Il paie la contravention de façon électronique.
Payer sur place et gagner en temps
« Ça nous fait gagner du temps et puis ça nous facilite aussi. Parce que si je dois laisser la moto ici, forcément je dois appeler quelqu’un, qui aussi doit laisser son travail et venir me chercher. C’est pour gagner du temps, faciliter les choses aussi en même temps », confie-t-il.
Le secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nakanabo, observe qu’il y a eu un moment où la Police nationale avait réduit les interventions sur la voie publique et cela a nettement amélioré son classement. Et par déduction, il avance que si le paiement électronique des contraventions est « bien appliqué, la dématérialisation peut amener une réduction de la corruption au niveau de la Police, notamment ceux qui sont sur la voie publique ».
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Il s’empresse de prévenir : « Mais il faut faire attention à ne pas croire que c’est une solution miracle. Tant qu’il y a le contact de l’homme et tant qu’il n’y a pas l’intégrité au rendez-vous, la corruption est toujours possible. Étant donné que les gens sont physiquement en présence l’un de l’autre, ce paiement n’est pas exclu ».
Selon le capitaine Yamyia Sawadogo, du 1er janvier au 25 septembre 2024, le paiement électronique a permis de mobiliser 10 645 000 F CFA au profit du Trésor public et ce, uniquement à Ouagadougou.
Boureima Dembélé