Le Tour du Faso 2024 laisse un goût amer aux Burkinabè
Les cyclistes ont parcouru 10 régions du Burkina Faso. Ph: Simpo Photographie.

Le Tour du Faso 2024 laisse un goût amer aux Burkinabè

Les Burkinabè n’ont pas brillé lors du Tour du Faso 2024 qui s’est tenu du 25 octobre au 3 novembre. Cette édition qui a laissé un goût amer aux supporters burkinabè. Après avoir dominé la compétition précédente, les Étalons cyclistes nourrissaient de grands espoirs de réitérer l’exploit cette année. Mais la préparation insuffisante s’est vite fait sentir.

Le public rassemblé sur l’avenue Thomas Sankara, à Ouagadougou, affichait une mine, visiblement déçu, quand le Malien Tiémoko Diamouténé franchi la ligne d’arrivée en vainqueur de la dernière étape, la plus prestigieuse.

En ce dimanche sous une chaleur accablante, la tension se ressentait lorsque que les coureurs achevaient les 119 km entre Boussé et Ouagadougou, suivis d’un critérium dans les rues de la capitale. Avec un temps de 2h49min2s, Diamoutné Bakayoko s’est imposé devant le Néerlandais Tom Wijfje, tandis que le Burkinabè Daouda Congo n’a pu faire mieux qu’une troisième place.

Saturnin Yaméogo était l’un des meilleurs burkinabè au Tour du Faso. Ph: Tour du Faso.

Dès la première étape, longue de 136 km entre Koudbila et Koupéla, les Étalons ont montré des signes de faiblesse. Entre Manque de stratégie et de cohésion, mauvaise forme physique, les Burkinabè ont laissé la voie libre aux Marocains. Ces derniers ont pris rapidement l’avantage en plaçant trois de leurs coureurs à la première place.

Le manque de préparation

Malgré cette contreperformance, le directeur technique de la Fédération burkinabè de cyclisme, Martin Sawadogo, avait gardé espoir. « Nous sommes détenteurs du maillot jaune, les Marocains l’ont pris hier [Ndlr 27 octobre], mais nous allons le récupérer », affirmait-il alors, optimiste. Mais cet espoir n’a pas résisté face à la persévérance des équipes invitées, qui se sont montrées redoutables.

A partir de la cinquième étape, même les plus fervents supporters burkinabè ont dû admettre la supériorité des invités. Souleymane Koné, de l’équipe nationale du Burkina Faso, le confesse avec une pointe de regret : « Le rythme imposé par les Européens est très élevé, et physiquement, nous avons du mal à suivre ». A partir de la cinquième étape, les Burkinabè ont dû admettre la réalité. Les ambitions pour le maillot jaune ont vite été oubliés. Les trois équipes locales ont décidé de se concentrer sur les victoires d’étapes.

L’absence de Paul Daumont

C’est Bobo Dioulasso que la ferveur du public est enfin récompensée. Wahabou Bouda s’impose dans un critérium de 107 km permettant ainsi aux Burkinabè d’obtenir leur unique victoire d’étape de cette édition.

L’arrivée de certaines étapes s’est disputée au sprint. Ph: Tour du Faso

Malgré la détermination des différentes, le reste de la compétition est cependant resté sous le contrôle des équipes étrangères. « Nous avons travaillé en équipe, mais nos équipements ne sont pas au niveau des autres, et notre préparation a été insuffisante », souligne Souleymane Koné, amer, après l’étape de Yako, où il n’a même pas atteint le top 10.

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Martin Sawadogo a dû reconnaître la difficulté de la compétition sans la présence de Paul Daumont, qui avait remporté l’édition précédente avec cinq victoires d’étapes et le maillot jaune. Une force qui n’a pas permis au Burkina Faso de hisser au-dessus des autres. « Paul Daumont est un coureur au-dessus des autres, et nous avons vu la différence en son absence. Nous avons fait de notre mieux, mais il nous a manqué », concède-t-il après la dernière étape.

Pour Joseph Poodah, secrétaire permanent du Tour du Faso, l’accent est surtout mis sur la réussite en matière de sécurité : « Sur le plan sécuritaire, nous avons gagné, c’est une victoire. Sportivement, ce n’était pas à la hauteur, mais il est déjà temps de tirer des leçons pour redresser la barre ».

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C’est en tant que chauffeur du commissaire de course que l’ancien champion burkinabè Abdoul Aziz Nikièma a suivi la course. De loin, il reconnait que les équipes burkinabè n’étaient pas à la hauteur. Pour permettre aux cyclistes burkinabè de briller dans la compétition, il propose des stages de préparation à l’approche du Tour du Faso. « Tant qu’ils vont rester ici pour préparer le Tour du Faso, ce serait difficile. Il faut mettre les cyclistes dans les meilleurs conditions », souhaite Aziz Nikièma.

Les équipes marocaines ont dominé la 35e édition du Tour du Faso. Ph: Tour du Faso.

Cette édition a également été marquée par une ombre au tableau : le retrait du Tour du Faso du calendrier de l’Union cycliste internationale (UCI), une décision qui risque de priver la compétition de son prestige et de diminuer son attractivité.

« Le problème, c’est que les coureurs viennent chercher des points pour les championnats du monde et les Jeux olympiques, et cela va nous manquer », a reconnu Martin Sawadogo. La Fédération burkinabè de cyclisme entend déjà se mettre au travail pour préparer la prochaine édition et permettre aux Burkinabè de s’imposer.

Boukari Ouédraogo