Ouagadougou: Des personnes en situation de handicap moteur refusent la mendicité
Brama Koné est soudeur depuis les années 1999 (Ph. Moussonews)

Ouagadougou: Des personnes en situation de handicap moteur refusent la mendicité

Pas de mendicité ! C’est la résolution que semblent avoir pris certaines personnes en situation de handicap moteur à Ouagadougou. Elles se démarquent en menant des activités génératrices de revenus. Parmi celles-ci, le tissage de pagne, la soudure et bien d’autres.

Etre personne en situation de handicap ne réduit pas systématiquement à la mendicité! Il existe des exemples à foison qui démontrent cela. Parmi ceux-ci, Saratou Yago, 56 ans, vivant avec un handicap moteur. N’ayant pas l’usage de ses pieds et voulant vivre de ses mains, elle s’est tournée vers le tissage depuis les années 1991. Il n’est pas question pour elle de mendier. Assise sur une chaise adaptée, Saratou tisse dans un atelier au Centre national des personnes handicapées situé à Gounghin, un quartier de Ouagadougou. Ses bras, bien que parfois limités du fait de son handicap, bougent avec précision triant et poussant les fils malgré le poids de son âge. Son atelier est bondé de rouleaux de tissus et d’une multitude d’articles.

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Saratou a été initiée au tissage à la Cathédrale de Ouagadougou. En février 2022, elle rejoint le Centre national des personnes handicapées (CNPH). Là, elle fait ses différentes productions : des pagnes Faso Danfani, des napes de tables, des foulards, etc.

Saratou dit manquer le plus souvent de moyens financiers pour s’approvisionner en fil de coton mais elle se montre déterminée à surmonter les obstacles. Depuis plusieurs années, elle forme également des jeunes filles en situation de handicap au métier du tissage.

Il y a des personnes en situation de handicap qui préfèrent mendier…

Elle nourrit un rêve ambitieux, celui d’ouvrir un centre de formation dédié aux jeunes filles en situation de handicap et aux mineurs valides dans l’art du tissage.« Les grandes filles causent trop de problèmes. Elles commencent la formation mais ne terminent jamais. Si la jeune fille dépasse 20 ans, je n’accepte pas la former. C’est une perte de temps, elle ne va se concentrer pour suivre et elle ne va jamais terminer. Donc je cherche les jeunes filles de 14, 16 ans », précise-t-elle en tirant des fils de pagne.

Le handicap ne conduit pas sustématiquement à la mendicité (Ph. Moussonews)

Dans un atelier de soudure animé par les bruits des machines, Brama Koné sur un fauteuil roulant se tient avec assurance et observe les mouvements des autres : Il est le chef d’atelier de soudure du centre national des handicapés moteur.

Brama Konéest soudeur depuis les années 1999. Un métier qu’il a choisi par passion et par la volonté d’attirer des personnes en situation de handicap dans ce domaine.

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Après la mise en place de son atelier de soudure, Brama Koné a créé l’association des soudeurs handicapés du Burkina. Il est devenu par la suite chef d’atelier de soudure au centre national des personnes handicapées qui compte de nos jours 12 employés dont trois personnes valides dans l’équipe. A l’entendre, des années auparavant, il n’y avait pas assez de personnes en situation de handicap présentes dans le métier de la soudure d’où sa volonté d’y faire carrière.

Pour les soudeurs au centre, Brama les recueille à leur jeune âge afin de les initier et leur éviter la mendicité.  « Il y a certains qui préfèrent mendier que de travailler. Actuellement nous ne pouvons plus avoir des handicapés qui sont prêts à abandonner la rue pour le travail. Ils ne veulent plus venir. Ils sont habitués à avoir 3000 F CFA ou plus dans la mendicité alors venir au travail et répartir à la maison les mains vides, c’est compliqué. C’est pourquoi, nous prenons les plus jeunes pour les former », explique-t-il.

3-Décembre, Journée internationale des personnes en situation de handicap

C’est le cas de David Ouédraogo qui a été recueilli par Brama Koné dès le bas âge pour être initié à la fabrication, à l’adaptation et transformation des engins pour handicapés. David Ouédraogo est l’une des personnes valides du centre depuis 4 ans.

Réduire le nombre des personnes en situation de handicap dans la mendicité (Ph. Moussonews)

Réduire le nombre des personnes en situation de handicap dans la mendicité est devenue une mission pour Brama Koné. Il projette ouvrir unpensionnat au centre pour mieux recarder les jeunes qui travaillent dans cet établissement. « Souvent ils s’absentent au travail pendant une semaine mais les parents même ne s’en inquiètent pas. Alors que s’ils étaient sur place au centre, ce serait très utile et nous pourrons veuillez sur eux. Donc ouvrir un pensionnat est un projet qui me tient à cœur », révèle-t-il.

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Pour l’édition 2024 de la journée dédiée aux personnes en situation de handicap moteur, Brama Koné exhorte le gouvernement à plus d’actions que de promesses. « Chaque année, on répète les mêmes discours. Ils font des programmes qui n’ont jamais été respectés. Le gouvernement donne des marchés aux commerçants qui reviennent encore sous-traiter avec nous au lieu de nous les soumettre directement », grogne-t-il.

« Que l’Etat soutienne les personnes en situation de handicap qui se battent malgré leur état. Que les personnes en situation de handicap arrêtent la mendicité au profit d’une petite activité génératrice de revenus ». Ce sont autant des souhaits de Jean Baptiste, soudeur aucentre qui a décidé depuis trois années de suivre les traces de Brama de Koné, son employeur.

A l’occasion de la célébration de la Journée internationale des personnes en situation de handicap, l’association des soudeurs handicapés du Burkina, présidé par Brama Koné va recevoir une décoration. 

Studio Yafa/MoussoNews