Une vie est encore possible pour une personne ayant contracté le VIH. Avec la prise rigoureuse des antirétroviraux, la charge virale s’en trouve indétectable rendant la contagion quasi-impossible. M.A est la preuve vivante d’une vie, après le VIH.
Avoir le VIH, vivre en couple et être comme tout le monde, c’est possible ! Le VIH/SIDA n’est donc plus à considérer comme une fatalité. Mais pour ce faire, il y a des exigences : la prise rigoureuse des antirétroviraux (ARV). Le suivi de ce traitement permet aux personnes infectées d’avoir une charge virale indétectable. Cela a aussi pour effet d’éviter la transmission de la maladie. Appelons la M.A., une jeune femme séropositive depuis la naissance.
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Elle est une preuve vivante de personne infectée et ayant une charge virale indétectable. Bien que porteuse du VIH depuis sa naissance, elle est aujourd’hui mère d’un bébé bien portant grâce au traitement. Elle se dit épanouie, même si elle fait grise mine quand elle se rappelle aux souvenirs des premiers instants de sa vie de porteuse du VIH.
« J’avais au moins 11 ans. Je partais à l’hôpital accompagnée par mon papa pour prendre mes produits. Arrivé à 15 ans, le docteur m’a demandé si je sais pourquoi je prends les produits. J’ai dit non et le docteur a ri », se rappelle-t-elle. Elle explique aussi qu’à ses 16 ans, le même médecin lui a fortement conseillé de ne pas abandonner ses produits sinon elle sera condamnée à mourir.
Porteuse de VIH et victime de discrimination
« Et c’est là qu’il m’a annoncé que j’ai le VIH », confie la jeune dame, ajoutant qu’« à ce moment, j’étais très triste et je voulais pleurer » . Mais visiblement, le choc de l’annonce n’était pas le seul calvaire de M.A. Elle a été victime de discrimination dans son quartier, au point d’arrêter volontairement son traitement, à un moment donné.
Quand elle avait à 17 ans, selon son récit, tout le quartier était informé de son statut, avec ce que cela comporte comme conséquences : « Je ne pouvais même plus aller chez quelqu’un prendre un gobelet boire l’eau. Quand un enfant m’approche même les gens lui disent de quitter », se désole-t-elle, les yeux embués de larmes. En réaction, elle a voulu se laisser emporter par la maladie, en baissant les bras. « J’ai abandonné les produits et je suis tombée gravement malade ». Mais ce n’était pas encore son jour. Comme si c’était écrit.
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La rencontre avec un projet lui fait comprendre qu’elle n’était pas la seule personne à avoir cette maladie, « et je me suis mis dans la tête que cette maladie n’est pas la fin du monde maintenant ça va », se résout M.A. Elle reprend alors son traitement antirétroviral. Au niveau où en est M.A. de nos jours, elle n’est plus en mesure de transmettre la maladie. Elle est en couple depuis trois ans avec un partenaire séronégatif, avec lequel elle a eu un enfant, également séronégatif.
Elle fait comprendre qu’elle et son mari se sont « mis en couple depuis 2021 sans faire de rapports sexuels. Mais je ne lui ai pas parlé de mon statut. C’est une personne au quartier qui connaît mon statut qui est allée informer la mère de mon copain ». Scandale ! Sa famille est contre la relation et demande au monsieur de la quitter. Armé d’amour, il refuse. Son petit ami décide de poursuivre quand même leur relation.
Etre infecté du VIH, ce n’est pas la fin du monde
Comme faisant un bilan de sa vie, M.A retient qu’être infecté du VIH, ce n’est pas la fin du monde. « Il suffit de bien prendre tes produits et tu vis ta vie. Je rends grâce j’ai mis un enfant bien portant au monde moi aussi ça va et mon gars aussi. Il est allé faire son dépistage et c’est bon. Je remercie Dieu et tous les médecins qui me suivent », se complaît-elle.
Selon le chef du département santé du Secrétariat permanent du Conseil national de Lutte contre le Sida et les Infections Sexuellement Transmissibles, Dr Salam Dermé, toute personne déclarée séropositive peut réduire le nombre de virus dans son corps en suivant correctement le traitement antirétroviral. Cette personne devient alors porteuse à charge virale indétectable.
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A l’en croire, c’est parce qu’on prend les médicaments que le virus n’arrive pas à se dupliquer dans l’organisme. Mais, fait-il vite d’avertir, « Indétectable ne veut pas dire qu’il n’y a plus de virus mais sa présence est à un niveau tellement bas que la personne ne peut plus transmettre le virus à son partenaire. Et par ricochet à la population générale ». Même avec la charge virale indétectable, le médecin recommande aux personnes vivant avec le VIH de continuer à suivre leur traitement.
Dans ce sens, il fait comprendre que dès lors qu’il y a une interruption thérapeutique, le virus se réplique rapidement et il va créer des variants qui sont résistants aux médicaments. « Et si vous reprenez, on va recommencer par la première ligne de traitement et s’il y a échec, on vous met dans une deuxième ligne, ainsi de suite mais si vous épuisez l’arsenal thérapeutique qu’est-ce qu’on fait ? » Pour éviter cela, il demande vivement aux personnes vivant avec le VIH de continuer à suivre leur traitement.
Signalons que le traitement du VIH est à vie. En 2023 le nombre de personnes infectées au Burkina Faso était estimé à 97 000 dont 56 000 femmes. Les nouvelles infections cette même année étaient de 1 900 pour 2 600 décès selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Boureima DEMBELE