Noël 2024: ambiance de grins de thé à Bobo

Noël 2024: ambiance de grins de thé à Bobo

Les chrétiens du monde entier ont célébré le 25 décembre la fête de la nativité. En famille, entre amis, chacun a passé cette fête dans la bonne ambiance. Dans la ville de Bobo-Dioulasso,  les grins de thé sont également un lieu indiqué pour certains de passer ces moments festifs entre amis. Ambiances.

Il est 10 heures environ lorsque le soleil grimpait la pente du ciel, au secteur 29 de Bobo Dioulasso ce 25 décembre. Michel Tankoano s’active à mettre les petits plats dans les grands pour accueillir  ses amis.Entre classement de chaises sous le manguier et le nettoyage du matériel de thé loin de sa famille, Michel Tankoano s’est fait une autre famille à travers son grin de thé. « Je vis seul ici, mais grâce à la présence de mes amis je passe une très bonne fête de Noël », se réjouit-il. 

Ce 25 décembre 2024, jour de Noël, le grin est encore au rendez-vous comme à l’accoutumée. Vêtu d’un habit kôkôdunda, c’est avec un visage souriant qu’il dévoile le programme de « cette journée spéciale ». « Comme chaque Noël, les amis viennent chez moi passer la journée. On prépare, on mange, on joue de la musique. C’est vraiment l’ambiance et ça me fait plaisir de fêter la nativité avec mes amis. Ils sont ma famille ici à Bobo-Dioulasso », relate-il.

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Il est 12 heures, les membres du grin sont déjà là.  « Entre amis, c’est une ambiance teintée d’une harmonie parfaite. On mange, on boit et on rit. C’est un moment privilégié pour les retrouvailles », nous dit Arnaud Kambou en sirotant un verre de thé. « Moi, après l’église, je suis rentré à la maison un peu et ressortir pour venir m’asseoir au grin, je prends un premier ».

Assis au pied d’un manguier, il manie avec dextérité les matériels du thé. Tous les sujets sont sur les lèvres. L’ambiance est au beau fixe et le fakir du grin (celui qui prépare le thé), Archile Bado,  ne dit pas le contraire. « Ici c’est ma deuxième famille on prend le thé dans la bonne ambiance, pour moi c’est ça la fête, on prend le thé, on joue aux cartes, en attendant notre spaghetti au feu », dit-il avec un air amusant.

Un carrefour religieux

Dans ce grin, on y trouve des personnes de tous bords religieux. Musulmans et chrétiens, tous cohabitent dans une parfaite symbiose. Chapelet enroulé autour du bras, avec un bonnet sciemment incliné, Salifou Ouédraogo anime avec plaisir le grin. « Je suis musulman, mais chaque Noël, je viens passer la journée chez mon ami qui est un Chrétien.  On se retrouve, on mange, on prend du thé, on joue et la fête est belle. Il a intérêt à bien s’occuper de moi, s’il me « Noël » pas, je ne le « ramadan » pas, »dit-il en riant.

Tout est réuni pour que la fête soit la plus belle possible à en croire le cuisinier du groupe, surnommé le boucher de son vrai nom, Isaac Coulibaly. Il découpe la viande qui servira de barbecue à partir de 17 heures.« En tout cas la fête se passe très bien, on a payé nous-mêmes notre spaghetti. On va cuisiner nous-mêmes, c’est grin de célibataire donc on va cuisiner nous-même. On mange ça à midi, en sirotant notre thé tranquillement, et vers 17 heures on va mettre la viande au feu pour un petit barbecue et la fête est belle », étale le boucher le programme de la fête.

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Contrairement à ce grin où la fête bat son plein, au secteur 21, la fête est morose dans cet autre grin de thé. Assis, les yeux rivés sur les téléphones, et avec  un air peu timide, les membres du groupe pensent que la fête est un état d’esprit. Ils pensent qu’il suffit juste d’être bien portant et chaque jour est une fête. «  Moi-même j’ai oublié qu’aujourd’hui c’est Noël, on est assez grand maintenant. Est-ce qu’on connait fête ? L’essentiel c’est de nous retrouver entre amis au grin, entre rires, causeries, et on se souhaite les meilleurs vœux. Ça ne dépasse pas ça » relate Alexis Beogo.

Le fakir, en servant le thé, pense que c’est un jour ordinaire comme les autres jours. « Rien de spécial prévu dans le grin à l’occasion de cette fête. Est-ce que nous à notre âge on connaît fête ? C’est comme les jours ordinaires chez nous. Juste prendre un thé et rentrer », indique-t-il.

Mariam Ouedraogo (Correspondante)