À quelques pas de la nouvelle année, une effervescence s’installe dans les ateliers de couture et les salons de coiffure à Ouagadougou. Femmes, jeunes filles et enfants s’activent pour être prêts à célébrer en beauté. Cette année, les tissus locaux et les coiffures traditionnelles sont très prisés, marquant un retour aux valeurs culturelles.
Dans l’atelier d’Adeline Oubda, situé dans le quartier de Zone du Bois, l’agitation est palpable. À peine la porte franchie, on est accueilli par un ballet de ciseaux qui coupent sans relâche et de machines à coudre qui ronronnent. Sur les tables, des tissus colorés, du Faso danfani au koko donda, se disputent l’attention des couturières. « Cette année, il y a une vraie tendance vers les tissus traditionnels, » explique Adeline, concentrée sur son travail. « Comparativement aux années passées, tout le monde veut du koko donda et du Faso danfani. Même ceux qui cherchent de l’originalité, ils demandent souvent des mélanges avec des dentelles ou d’autres tissus, » poursuit-elle, ses mains agiles ajustant un morceau de tissu.
Elle se souvient des années précédentes, où les pagnes ordinaires dominaient. Mais cette année, la donne a changé. Les clients affluent avec des demandes spécifiques, désireux de porter des tenues qui viennent de chez eux et qui honorent leur culture. Lynda Ouédraogo, une cliente fidèle, vient récupérer ses créations « Pour Noël, j’ai choisi de me faire coudre une tenue en koko donda, et pour le 1er janvier, un Faso danfani, » confie-t-elle.
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Un peu plus loin, au marché de Wemtenga, Zala Richard, un jeune couturier, fait le même constat. « Il y a moins de clients cette année, mais ceux qui viennent choisissent principalement le Faso danfani et le koko donda, » raconte-t-il, un léger sourire aux lèvres. Il se réjouit de cette montée en puissance des tissus traditionnels et s’efforce de répondre à la demande, malgré les délais serrés.
Tresse traditionnelle: le choix des enfants
la tendance est tout aussi marquée dans quelques coins de coiffure. Au marché de Nabi Yaré, Topan Florence, mère de trois enfants et tresseuse expérimentée, coiffe toutes les tranches d’âge, mais avoue avoir une préférence pour les petites filles. « En cette période, elles adorent les nattes avec des perles. C’est une coiffure légère et jolie. Je préfère éviter les coiffures trop lourdes pour elles, » explique-t-elle, soucieuse de leur confort.
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Au grand marché de Ouagadougou, Alimata Sadia Kanazoe, spécialiste des coiffures traditionnelles, témoigne de l’engouement grandissant pour les tresses traditionnelles. « Les gens préfèrent les coiffures traditionnelles pendant les fêtes, » affirme-t-elle. Face à la demande croissante, elle a adapté son emploi du temps. « Je suis ouverte maintenant de 8h à 21h tous les jours » raconte-t-elle, sa voix trahissant un mélange de fatigue et de satisfaction.
Cette tendance à privilégier les tissus et les coiffures traditionnels s’inscrit pour beaucoup dans une dynamique de soutien à l’artisanat local. En choisissant le Faso danfani, le koko donda, ou les tresses traditionnelles, ils disent participer à la valorisation du savoir-faire local.
Andréa Bougma (stagiaire)