A Banfora, les sports de main ne brillent pas. De nombreux amateurs mènent des initiatives pour développer des disciplines comme le handball, le volleyball ou le basketball, etc. Mais ces derniers se heurtent à des difficultés qui empêchent les amoureux de ces disciplines de s’épanouir.
Le plateau omnisports de la police municipale de Banfora, situé au secteur 7, grouille de monde en cette soirée. Sur le béton usé, les ballons de handball résonnent. Là-bas, Yaya Soura, se tient au bord du terrain, un sifflet suspendu à son cou. Sa voix résonne, couvrant parfois le bruit des ballons. Il distribue des consignes, repositionne les joueurs et élève la voix pour motiver son équipe. Karampé Emile Samad se distingue parmi eux grâce à sa grande taille et ses qualités athlétiques.
« Je pratique le handball pour me distraire », explique le jeune homme en sueur et essoufflé. C’est par l’intermédiaire de son entraîneur, Yaya, à l’époque son enseignant d’éducation physique et sportive, qu’il découvre le handball. Depuis quatre ans, il défend les couleurs de son équipe au championnat national.
Cependant, il lui a fallu beaucoup d’abnégation. Le garçon a failli arrêter en raison des moqueries. « Les gens me disent que c’est un sport pour femme. On dit que je suis une femme parce que je joue au handball. Au début, ça me faisait mal. Mais maintenant, plus rien », confie-t-il sans gêne.
Un combat au quotidien
Dans la région des Cascades, les sports de main, comme le handball, sont des disciplines négligées et méconnues. Pour les pratiquer, il faut une véritable passion. Les encadreurs comme Yaya se sacrifient pour maintenir ces disciplines en vie. Faute de partenaires, Yaya Soura a créé cette équipe avec le soutien de l’établissement où il enseigne. Cependant, cela ne le met pas à l’abri des difficultés. Il est à la fois encadreur des quatre équipes et secrétaire général. « Il y a quelques éléments qui viennent m’aider pour les entraînements, mais certains sont partis dans des écoles professionnelles. Je suis seul au four et au moulin », s’indigne Yaya Soura.
Le plateau omnisports présente en lui-même plusieurs contraintes. C’est le seul du fait du manque d’infrastructures dans la ville. « Je n’arrive pas à planifier un programme d’entraînement parce qu’il n’y a pas de lampadaires sur le plateau. En plus, c’est un plateau omnisports. L’équipe de volleyball s’entraîne ici aussi, et il y a parfois des séances d’aérobic », déplore-t-il.
A quelques mètres de là, l’équipe de l’US Comoé s’est rassemblée. Il n’y a pas d’entraînement programmé, mais quelques élèves, encore en uniforme, improvisent des dribbles et des passes sous l’œil bienveillant de leur entraîneur Abdoulaye Touré. « Nous sommes dans une ville où les sports de main ne sont pas assez pratiqués. C’est un sport peu développé. Nous avons des difficultés pour trouver des joueurs », explique l’entraîneur Abdoulaye Touré, qui a dû écourter sa carrière de basketteur. Il a décidé de se convertir dans l’encadrement des plus jeunes. Beaucoup de jeunes préfèrent pratiquer le football plutôt que les sports de main. Les résultats presque inexistants des équipes nationales n’encouragent pas non plus.
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Malgré sa bonne volonté, il n’arrive pas toujours à travailler comme il le souhaite. Avec ses quatre catégories, Abdoulaye Touré adapte son programme d’entraînement. Les plus petits s’entraînent entre 16 h et 18 h, tandis que les plus grands s’entraînent de 18 h 30 à 21 h. « Nous n’avons pas de ballons. Et lorsque nous en gagnons, ils se déchirent rapidement », ajoute-t-il. L’état du terrain en béton provoque également des blessures récurrentes chez les athlètes.
Au handball avec l’AS Saba et au basketball avec l’US Comoé, les moyens financiers manquent, et les compétitions sont presque inexistantes. De plus, les encadreurs sont obligés d’adapter leur programme d’entraînement aux cours des élèves. Certaines séances sont parfois annulées à cause des devoirs.
Dans le passé, la région de Banfora brillait dans les sports de main, notamment au volleyball. La région alimentait même l’équipe nationale en joueurs. Mais la réalité est bien triste de nos jours. « Dans la région des Cascades, le volleyball se porte mal. Depuis un certain temps, les équipes de Banfora n’arrivent plus à être compétitives comme avant », avoue Issouf Sourabié, vice-président de l’équipe de volleyball de l’US Comoé.
De grands rêves malgré tout
Pourtant, malgré cela, les différentes équipes arrivent à produire des résultats encourageants. Par exemple, l’équipe de basketball a remporté le championnat national chez les moins de 17 ans, tandis que les filles ont terminé vice-championnes.
De quoi nourrir de grands rêves pour certains, comme Roxane Coulibaly. « J’ai vraiment envie de devenir professionnelle. Je veux être une star du basketball pour que les parents soient fiers de nous. Je veux aussi jouer à la NBA », espère la jeune fille.
Le directeur régional des sports de la région des Cascades salue l’engagement des acteurs malgré le manque de moyens et les difficultés. « Souvent, on sollicite des promoteurs pour qu’ils nous aident afin que la région puisse avoir une image plus éclatante. » En attendant, il encourage les parents à s’engager davantage pour présenter une belle image de la région des Cascades en matière de sport.
Boukari Ouédraogo