Ce n’est certes pas la période de soudure, mais c’est tout comme dans plusieurs localités du Burkina Faso. Le prix des denrées alimentaires flambe. A Ouahigouya, environ 185 km de Ouagadougou, région du Nord, l’inflation pèse sur les populations. En réponse, la délégation spéciale de la ville a organisé une opération de vente de céréales à prix sociaux. Une petite bouée de sauvetage qui n’a duré que le temps d’une journée.
Présentation de la carte nationale d’identité. Paiement de la somme de 6000 FCFA. Et deux jeunes soulèvent un sac de maïs au profit de Alimata Nongba Ouédraogo. Un sourire illumine le visage de la dame qui anticipe déjà ce qu’elle va manger ce soir. « Grâce à ce sac de maïs, nous allons manger du tô ce soir. Le bonheur d’avoir ce sac de maïs, je ne peux vous l’expliquer. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas préparé du tô en famille. La farine, nous nous en achetons, et elle coûte cher pour nous. Il me faut acheter pour 750 ou 1000 FCFA pour une préparation », explique Alimata avant de partir, tout en louant cette aubaine offerte par les autorités communales.

Depuis 6 h, Alimata Ouédraogo et d’autres centaines de personnes étaient déjà mobilisées sur les différents sites de vente de céréales à prix social. Sous le soleil ardent de la mi-journée, les sites ne désemplissaient pas. La police municipale sur place supervise les ventes et maintient l’ordre.
Une bouchée de sauvetage…
L’opération de vente libre de vivres à prix sociaux est une initiative de la délégation spéciale de la commune de Ouahigouya le 11 février 2025. Selon le communiqué du 10 février 2025, cette opération vise « à atténuer l’inflation des denrées alimentaires » et à renforcer la résilience des populations.
Issouf Ouédraogo est un déplacé interne vivant à Ouahigouya. Alors qu’il vient de prendre un sac de maïs, il a déjà une doléance : que la municipalité travaille à disponibiliser d’autres denrées. « C’est à la radio que j’ai appris l’information qu’il y avait des sacs de 50kg de maïs en vente à 6000 F CFA. Et je suis venu ce matin. Je vois que la vente est bien organisée et il n’y a pas de désordre. Je vois que c’est seulement du maïs qui est là. C’est déjà bien. « Mais si je gagne aussi du riz, j’en veux », plaide le bénéficiaire. Une action bénéfique, clame Issouf qui met en avant sa situation de vulnérabilité.

Trois sites de vente ont été ouverts pour la circonstance. La place de la nation, le marché de Ouffré et le centre d’écoute pour jeunes de la ville. Face à l’ampleur de la demande, certains citoyens n’ont pu être servis. C’est le cas de Rakièta Ouédraogo qui est arrivée sur un site l’après-midi et qui suggère une meilleure organisation pour les prochaines opérations.
Peut mieux faire
« Je viens d’arriver. J’ai trouvé un tas de monde assis de l’autre côté. Et les forces de l’ordre m’ont dit que c’est le rang qui va jusqu’à ce niveau. Et à voir le nombre de sacs dans le camion par rapport au nombre de personnes alignées, je trouve que si je m’aligne, non seulement je n’aurai pas le maïs, mais je ne pourrai pas être au service. Je pense qu’il faut revoir l’organisation pour amoindrir la souffrance », propose Rakièta.
Sur la place du marché, le sac de 100kg de maïs varie entre 25 000 et 27 000 F CFA. Ouahigouya, capitale de la région du Nord, accueille des milliers de personnes déplacées internes. C’est l’une des régions les plus touchées par l’insécurité liée aux attaques des groupes armés.
Patrice Kambou (Correspondant)