Il existe au Burkina Faso une initiative qui extrait les enfants mendiants de la rue et leur propose une réinsertion socioprofessionnelle. Agé de 9 et 19 ans, ils suivent des formations en maçonnerie, vitrerie, menuiserie bois…
La mendicité a pignon sur rue à Ouagadougou et certainement dans d’autres localités du pays. Devant les mosquées, aux feux tricolores et en bien des points stratégiques, on les voit postés, tendant la sébile. Cette pratique qui défie le temps et la loi, car interdite par le Code pénal (section 5, articles 242 à 249), est pratiquée par différentes catégories de personnes dont des personnes âgées, des mères de jumeaux, des personnes en situation de handicap, des enfants talibé…
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Concernant cette dernière catégorie, une enquête qualitative sur la mendicité dans la ville de Ouagadougou, réalisée par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) analyse qu’elle « porte atteinte à la tranquillité publique et ne reste pas sans conséquences sur l’avenir du pays ».
Les conclusions de l’enquête stipulent que « les enfants mendiants provoquent aussi des accidents de circulation en encombrant les routes et en harcelant les usagers ». Mais un point non moins important relevé par l’INSD, est que ce sont des enfants qui « sont exclus du système scolaire et exposés aux risques d’accidents et de maladies, aux violences et exploitations de toutes sortes ». Cela pourrait hypothéquer leur avenir et partant celui de la Nation.

Face à la situation, une initiative d’un groupe de personnes travaillant dans l’informel a décidé d’agir. Il s’agit de gens qui sont dans la vitrerie, la menuiserie bois, la maçonnerie… Ils recueillent les enfants mendiants et leur apprend des métiers, en espérant qu’ils ne retournent plus dans la rue. Dénommée Burkind Gouélé, l’initiative est portée par une association de même nom.
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Elle part à la recherche d’enfants mendiants et à ce jour, elle a formé environ 360 dont l’âge est compris entre 9 et 19 ans, selon des chiffres avancés par le président de la structure, Mahamadi Ouangrawa. Il affirme aussi que cela permet de rompre avec la systématisation de la « mendicité commerciale » des talibés. Mahamadi affirme qu’il y a un suivi-évaluation des enfants passés entre les mains de sa structure. Au point qu’ils savent qu’aucun d’entre eux n’est retourné dans la rue.
Le président de l’Association Burkind Gouélé explique également que dans leur stratégie, ils proposent 1000 FCFA aux enfants pour la journée. De cette manière, ceux-ci peuvent ramener entre 300 et 500 F CFA, le montant réclamé par certains maitres coraniques.

Selon le formateur en maçonnerie Abou Songuini, au bout de « 6 ou 8 mois , ils peuvent se débrouiller, faire quelque chose. À l’heure, il y a certains enfants qui peuvent poser des briques, d’autres qui font le coffrage, d’autres le ferraillage, d’autres aussi le béton ».
C’est le cas de Mohamed Kindo (18 ans), ancien mendiant. Il a été encouragé à laisser sa boite de mendiant au profit de la maçonnerie. « On étudie avec notre maître coranique à 6h30 pour venir ici à 7h ou 8h. Le jour où on a cours on descend l’après-midi », confie-t-il. Il ajoute que « c’est vraiment bien, un bon travail. Je préfère vraiment ici que de mendier. Si tu travailles ici à la descente tu as quelque chose. Tu donnes un peu à ton maître coranique et il te fait des bénédictions. Je garde aussi un peu pour mes besoins ».
Boureima DEMBELE