L’intégration réussie à Yako du déplacé interne Boukary Komi grâce à son don de rebouteur
Boukary Komi, rebouteur

L’intégration réussie à Yako du déplacé interne Boukary Komi grâce à son don de rebouteur

Ce qui pourrait poser problème à un déplacé interne, souvent avant même les questions de logement et de nourriture, c’est l’acceptation et l’intégration dans son nouvel environnement. Boukary Komi a lui réussi son intégration à Yako, grâce à son don de rebouteur. Ses hôtes se confient à lui, pour leurs foulures, entorses, luxations…

Déplacé interne, Boukary Komi a choisi, entre autres, de replacer les pieds et mains déplacés. Ainsi, luxation, foulures, entorses sont sa spécialité. Traditi-praticien depuis sa tendre enfance, Boukary Komi est originaire de Bouna, une localité située à 12 km de Titao. Au regard de la situation sécuritaire, il s’est installé à Yako. Au quartier Kibou de cette ville, difficile de louper celui qui est passé maître dans l’art de ressouder les os brisés.

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A l’approche de son lieu d’activité, l’on est accueilli par des gémissements ou même des hurlements de douleurs de ses patients. Il donne l’impression de les trucider. Et pourtant c’est un mal pour un plus grand bien. Sous une tente du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), il accueille ses malades sur une natte qui lui sert de lit d’hospitalisation. L’on peut également voir des canaris remplis de décoctions de racines et de feuilles de plantes dont lui seul a la formule. Mais le maître des lieux dispose également de quoi désinfecter les plaies des blessés. Ainsi, alcool, bétadine, eau oxygénée meublent sa petite pharmacie moderne.

Ce métier de rebouteur a permis à Boukary, déplacé interne, de se faire une place au soleil à Yako, son nouvel environnement. Et mieux, il a facilité son intégration. « On peut dire que le reboutage a contribué à renforcer nos relations avec les populations hôtes », témoigne Boukary. Il détaille qu’il arrive qu’il se déplace pour donner des soins, surtout à des personnes âgées qui ont des difficultés de mobilité. Pour lui, « si nos relations n’étaient pas bonnes, on pouvait juste dire qu’on ne se déplace pas et qu’il faut forcément emmener la personne ici ».

En moyenne 30 patients pris en charge par jour

Recevant en moyenne 30 personnes par jour, Boukary est apprécié par ses patients pour la qualité des soins. Ibrahim Koanda est de ceux-là. Victime d’une fracture du fémur, il assure que les soins de rebouteur sont « bien ». « Je suis venu ici et en quelque temps seulement j’ai commencé à aller mieux et à me lever à l’aide de béquilles. En l’espace de deux mois, je pouvais marcher seul. Ses soins sont bien et en plus il ne demande pas grand-chose. Juste un poulet », confie Ibrahim, l’air satisfait.

Si Ibrahim Koanda est de Yako, Moumini Badini, lui, est venu de Banfora pour des soins. Avec plusieurs fractures au départ, quatre mois après, il n’a plus besoin de béquilles pour se déplacer. « Je suis venu ici avec des béquilles, mais aujourd’hui je rends grâce à Dieu parce que je peux marcher seul, sans appui », se réjouit-il.

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Comme une trainée de poudre, la bonne réputation du rebouteur a voyagé. Que ce soit des provinces du pays comme de contrées lointaines, des visiteurs viennent solliciter ses services. Sur son nouveau site à Yako, cela ne se passe pas sans difficulté. Il explique, par exemple, que dans sa localité d’origine, il disposait de locaux pour recevoir ses malades venant de loin. A Yako, ceux-ci sont obligés d’aller louer des maisons, le temps de leur traitement.  Pour ce faire, Boukary dit fonctionner avec un minimum, émettant le vœu d’ouvrir un grand centre afin de pouvoir soigner ses malades dans de bien meilleures conditions.

Boureima Dembélé