5 questions pour mieux comprendre la journée nationale de l’engagement patriotique et de la participation citoyenne au Burkina
Dénis Daboné donnant des détails sur le contenu de la Journée nationale de l'engagement patriotique et de la participation citoyenne (Ph. Studio Yafa). 9 avril 2025.

5 questions pour mieux comprendre la journée nationale de l’engagement patriotique et de la participation citoyenne au Burkina

Le Burkina Faso a des journées dédiées à l’engagement patriotique et à la participation citoyenne. Ce sont des occasions au cours desquelles une valeur comme la cohésion sociale est promue. Dans cet entretien, le directeur de l’éducation au civisme et à la citoyenneté au ministère de la Justice et des Droits humains chargé des relations avec les institutions, Dénis Daboné, donne des détails permettant de mieux comprendre le contenu de ces journées.

Studio Yafa: Que faut-il entendre par journée nationale d’engagement patriotique et de participation citoyenne  ?

Dénis Daboné : D’abord, il faut dire que la journée nationale d’engagement patriotique et de participation citoyenne, c’est ce cadre-là que le gouvernement a voulu pour faire des sensibilisations de masse. Des sensibilisations de masse pour pouvoir changer la mentalité du Burkinabè, pour pouvoir en tout cas raviver la flamme patriotique suivant les idéaux du capitaine Thomas Sankara.

Comme objectif, on peut dire que ces journées visent à amener l’ensemble des citoyens burkinabè à s’approprier des valeurs de la citoyenneté, à créer une dynamique de participation active à la consolidation des bases de la nation burkinabè. Aussi, il faut qu’il y ait des sensibilisations des citoyens sur les droits humains et leurs devoirs. Voilà, il faut dire qu’aujourd’hui, les Burkinabè parlent aussi plus de leurs droits tout en oubliant qu’il y a leurs devoirs. Donc ces journées aussi servent de cadre pour ça. Ces journées visent aussi à amener les citoyens à connaître les valeurs de la citoyenneté burkinabè, ainsi que leurs rôles et responsabilités dans la construction de la paix et le renforcement de la cohésion sociale.

Dénis Daboné, est directeur central au ministère en charge de la Justice (Ph. Studio Yafa) 9 avril 2025.

C’est tellement important pour le contexte. Ces journées visent aussi à développer chez les citoyens des réflexions d’engagement patriotique et de participation citoyenne pour la défense de l’intérêt général. Voilà, dans un pays, ce qui est promu, c’est la défense de l’intérêt général et non des intérêts égoïstes.

Et ces journées visent aussi à mettre en exemple les référents types, comme je le disais, en matière d’engagement patriotique et de participation citoyenne. Parce qu’il y a des valeurs, aujourd’hui, il y a des valeurs humaines, il y a des valeurs sociales. Donc, c’est des repères pour une société.

Ces journées visent essentiellement aussi à renforcer les sentiments d’appartenance à une même nation. Aujourd’hui, c’est le constat aussi, parce que parmi les terroristes, malheureusement, il y a les Burkinabè. Donc ça veut dire qu’aujourd’hui, il y a une crise de citoyenneté.  Il y a des gens qui n’aiment pas, ou bien qui n’ont pas l’amour véritable de leur patrie.   Donc, ces journées, elles visent à ramener ces gens-là, à aimer véritablement le Burkina Faso.

Quelles sont les principales activités qui marquent cette phase ?

Par exemple, quand je prends les journées de salubrité, ça, c’est l’ensemble des ministères et des institutions qui font. Il y a des activités comme la montée des couleurs nationales. Ça, tout le monde le fait. Il y a des activités comme le port de tenue traditionnelle. Pratiquement tout le monde le fait. Mais, comme je l’ai dit, chaque ministère et institution organise ses activités. Par exemple, pour nous, le ministère de la Justice et des Droits humains chargé, des relations avec les institutions, les activités que nous avons pour cette première phase de l’année 2025, nous avons déjà fait une conférence de presse pour lancer les activités de cette phase-là. Cette conférence a eu lieu le 18 mars. Dans la deuxième activité, nous avons fait la montée des couleurs.

Et à l’occasion de cette montée des couleurs, il y a le message du chef de l’État qui a été lu par le ministre d’État en charge de l’Administration territoriale. Et, à l’occasion aussi, l’hymne national a été chanté en langue nationale bissa, pour faire la promotion de la parenté à plaisanterie. Parce que, comme le ministre de la Justice est un Gourounsi, on a voulu que ses parents à plaisanterie viennent chanter l’hymne national, donc ça fait en même temps la promotion de la parenté à plaisanterie.

Comme activité encore, nous avons lancé le prix du meilleur engagement citoyen. Le prix du meilleur engagement citoyen, c’est ce prix-là que nous organisons depuis 2018.  Donc, ce prix vise à promouvoir les modèles, les personnes qui sont souvent dans l’ombre et qui posent des actions pour le développement de leur communauté.

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Voilà, donc ce prix a été lancé durant ces journées-là. Il y a le lancement des conférences. Nous avons organisé aussi des conférences en milieux scolaire et universitaire, et même dans les écoles de formation professionnelle. Ces conférences-là ont été organisées dans toutes les régions du Burkina. Nous avons aussi ce qu’on a appelé la coupe de la citoyenneté.

En plus, nous avons ce que nous organisons chaque année aussi,  les jeux-concours sur le civisme en milieu scolaire. Donc ça, c’est carrément un concours qu’on organise au profit des élèves de la classe de 4ᵉ de l’enseignement général et de 3ᵉ année de l’enseignement technique. Donc ça aussi, c’est organisé dans toutes les régions du Burkina. Et à l’issue, on va avoir trois lauréats dans chaque région. Et trois lauréats aussi, nationaux. Ça veut dire qu’au total, on aura trois lauréats dans chaque région.

Voilà, donc en octobre, il y aura la clôture officielle des journées nationales que nous avons appelées la nuit des étoiles. C’est lors de cette nuit-là qu’ils vont remettre les prix des lauréats des jeux-concours et, en même temps, les prix des lauréats du prix du meilleur engagement citoyen et d’autres prix.

Est-ce que ces journées remplacent en quelque sorte l’éducation civique à l’école ? Ou faut-il voir à travers elles une éducation civique à grande échelle  ?

En réalité, ces journées ne remplacent pas l’éducation civique. Au contraire, ça vient renforcer. Ces journées viennent renforcer l’éducation civique. Parce que l’idée de ces journées-là, c’est quoi ? C’est comme je l’ai dit, c’est pour raffermir la flamme patriotique du Burkinabè. L’éducation civique vise aussi à montrer les valeurs burkinabè aux Burkinabè.

Donc, ces journées viennent servir de cadre de compréhension, de renforcement de l’éducation civique. L’éducation civique, c’est de façon continue. Et ça vise un groupe spécifique, les élèves. Mais ces journées-là visent aussi bien les élèves que la population en général. Donc, je peux dire que ces journées viennent renforcer l’enseignement de ces modules-là en milieu scolaire.

Mais à cette deuxième édition, est-ce que vous avez déjà pu mesurer l’impact de ces différentes journées sur la vie des populations  ?

Oui, à l’heure actuelle, c’est un peu difficile de parler d’impact. Puisque ce n’est rien qu’en octobre 2024 qu’on a commencé véritablement ces journées-là. Néanmoins, il faut noter des points de satisfaction en matière d’engagement patriotique. En tout cas, il y a des signes déjà qui montrent qu’il y a un changement. Il y a, par exemple, l’esprit des veilles citoyennes au sein des couches sociales. Aujourd’hui, il y a des choses, quand quelqu’un les fait, c’est clair, c’est sûr que quelqu’un va l’interpeller quelque part.

Vous aurez dû remarquer que cette année, à ma connaissance en tout cas depuis le début de l’année, les grèves en milieu scolaire sans motif là, en tout cas, on a constaté que ça a diminué. Sinon, durant le mois de décembre déjà, les élèves ne faisaient plus cours sous quelques motifs que ce soit. Mais ça, ça a changé. Vous avez dû remarquer aussi que, même s’il y a grèves, il y a marche, il y a meetings, les gens ne cassent plus les feux tricolores. Les gens s’en tiennent au strict respect de la loi. Donc, tout ça, ça fait partie. Et dans certains secteurs, par exemple, dans toutes les régions où les activités de sensibilisation ont été menées, il y a des témoignages aussi qu’il y a quand même un changement au niveau de la population.

Cela nous a également permis de comprendre la nécessité de multiplier ces actions de sensibilisation comme moyen alternatif de répression. Parce que c’est difficile aussi d’aller à la répression sans passer par la sensibilisation. Moi, je vois souvent les policiers au feu avec un casque dans la main. Ils sensibilisent en même temps. Parce que si la personne ne connaît pas l’importance de porter le casque, vous allez l’obliger à porter, mais quand il voit qu’il n’y a pas de policier à côté, il va enlever. Donc, nous avons compris que l’impact de ces journées, qui sont fondamentalement des cadres de sensibilisation, est déjà véritablement clair. Et ça nous a permis aussi de renforcer, de bien nous positionner pour mieux faire les phases à venir.

Alors, vous avez parlé de l’objectif étant de changer de mentalité. En termes d’impact, toujours sur la vie des populations, est-ce qu’on peut dire qu’au regard de tout ce que vous avez expliqué, on sent qu’on a amorcé vraiment ce changement de mentalité au niveau des Burkinabè ?

Bon, on sent en tout cas qu’il y a des indices de changement. C’est ce que je viens de dire. Par exemple, nous, au niveau de la fonction publique déjà, c’est clair. Actuellement, il y a même le contrôle de présence. Il n’y a plus de raisons pour que quelqu’un vienne en retard, ou il ne vient pas. Il n’y a pas de justificatif. Si tu ne viens pas, ou bien tu viens en retard, tout est clair. Donc, il y a déjà ça. Le président a annoncé aussi dans son discours du 2 avril que nous sommes dans une révolution progressiste et populaire.

Donc, dans la révolution, c’est clair, il y a une idéologie qu’il faut suivre. Donc déjà, vous avez vu que c’est pendant l’une des phases des journées qu’il a annoncé l’idéologie révolutionnaire. Et le thème aussi cadre exactement avec ce qu’il a dit. « Pour l’ordre et la discipline, je m’engage ». Donc déjà, on sent un changement.

Sur tous les plans. Sur le plan de la fonction publique, sur le plan, même les commerçants, parce que, nous, nous rentrons aussi dans les marchés pour les sensibiliser. Et chaque fois que nous arrivons, les gens s’engagent aussi à ne plus… Qu’ils ne savaient pas que c’était comme ça. À suivre, en tout cas, à véritablement suivre ce que le gouvernement demande. Donc déjà, on sent qu’il y a la flamme patriotique que nous voulons raviver là. Elle est en train d’être ravivée.

Entretien réalisé par Boureima Dembélé