Des personnes en situation de handicap se mettent au sport à Ouaga
En cercle, ils se lancent un ballon (Ph. Studio Yafa)

Des personnes en situation de handicap se mettent au sport à Ouaga

Ce que l’on a l’habitude de voir, ce sont les séances d’aérobic pour les personnes valides. Mais une initiative rompt avec cette habitude et ouvre la voie du sport aux personnes en situation de handicap. C’est à la fois pour la santé, l’inclusion et aussi pour décomplexer les personnes vivant avec un handicap.

L’heure est au sport au centre national des personnes handicapées moteurs du Burkina, à Gounghin, un quartier de Ouagadougou. Dans des fauteuils roulants, avec des béquilles… des personnes vivant avec un handicap se retrouvent les mardis et jeudis pour une séance de sport. Ce jour d’avril, formant un grand cercle, ils sont une dizaine à se lancer un ballon à tour de rôle.

Pendant environ une heure, ils enchaînent les exercices physiques. Les maillots et t-shirts sont trempés par la sueur, dont des gouttes sont perceptibles sur les fronts, non pas du fait de la température suffocante de Ouagadougou, mais par les efforts physiques.

A lire aussi: Des personnes en situation de handicap moteur refusent la mendicité

C’est une initiative portée par Ali Traoré, dit Ali Ponré 1er, vivant lui-même avec un handicap moteur. Passionné de sport, il a initié des séances d’aérobic au profit des personnes vivant avec un handicap, avec l’objectif en trame de fond l’esprit de solidarité qui regroupe valides et non-valides. Sa conviction est qu’il est nécessaire d’offrir un cadre où les personnes vivant avec un handicap ont l’occasion de se dépenser physiquement.

« À un moment donné, je me suis dit : comme je suis avec les pensionnaires, il va falloir les inciter à faire du sport, parce que c’est bien pour la santé, surtout pour nous, personnes en situation de handicap. On n’a pas l’occasion de faire du sport de masse comme les autres. Donc c’était de nous réunir entre handicapés et personnes non handicapées,  vous avez pu constater qu’il y a des personnes valides avec nous ,pour parler d’inclusion. C’est ensemble qu’on peut inciter ces personnes handicapées à pratiquer le sport pour leur propre santé », détaille Ali. Il assure lui-même le coaching des séances et explique que les séances sont différentes les unes des autres. L’idée étant de s’adapter au handicap des personnes présentes.

Un appel à la pratique du sport par les personnes vivant avec un handicap

Aussi, il lance un appel à la participation : « Nous avons des frères et sœurs handicapés qui sont dans les maisons, qui ne sortent pas. Qu’ils viennent, car ce n’est pas une compétition. Il y a même des handicapés ici qui avaient un handicap lourd, qui ne pouvaient même pas se saisir d’un ballon. Mais on les incite à le faire. Petit à petit, des automatismes viennent ». Il ajoute qu’à un moment,  ces gens-là, au fil du temps, vont s’adapter et réussir à faire des mouvements qu’ils n’arrivaient pas à faire avant.

Une sécance de la soirée de sport (Ph. Studio Yafa)

Non handicapé, Lassina Traoré prend part aux séances. Selon lui, l’initiative qui en est encore à ses débuts, est salutaire.

A lire aussi: Rasmata Konfo, ‘’handicapable VIP’’, une vie de combat !

« Moi, personnellement, je suis un ancien athlète de haut niveau. J’ai apporté beaucoup de médailles au Burkina Faso. Maintenant, nous faisons le sport pour nous maintenir. On incite aussi tous les handicapés à venir, car ce n’est pas du sport de compétition, mais plutôt du sport pour entretenir la santé ».

Nadine, elle, vit avec un handicap. Elle dit ressentir un changement dans son vécu. Elle affirme qu’après le sport, la nuit elle dort bien, et le lendemain son réveil est rempli d’énergie. Et elle se sent en pleine forme.

Coach et participants se heurtent cependant à de nombreuses difficultés, notamment le manque de fauteuils roulants pour faciliter la mobilité des personnes vivant avec un handicap pendant les séances. Ils lancent donc un appel aux bonnes volontés.

Boureima Dembélé