Les dossiers disponibles sont « solides » pour aller en procès selon les avocats de la famille Thomas Sankara et ses camarades assassinés le 15 octobre 1987. Le comité des avocats constitués des familles a animé une conférence de presse le lundi 14 octobre 2019 pour faire le point de l’évolution de ce dossier.
De l’espoir pour les familles de Thomas Sankara et ses ayant droits ainsi que pour ses 13 camarades assassinés le 15 octobre 2019 selon le comité des avocats pour la défense de ce dossier. Maître Bénéwendé Sankara, membre du comité estime qu’il y a suffisamment d’éléments pour aller au jugement. Les autopsies des corps et les expertises balistiques ont livré des informations « importantes », poursuit l’avocat de la famille Sankara. « Aujourd’hui, dans la reconstitution des faits, on sait comment les impacts ont été retrouvés sur les victimes. Et on sait combien de balles, par exemple, le président Sankara a reçu », a mentionné maître Bénéwendé Sankara.
L’exhumation des corps a apporté des éléments complémentaires au dossier selon les avocats. « On a retrouvé aussi dans les tombes, des objets que les familles ont reconnus. Il y a même des pièces d’identité qui ont été retrouvées dans les tombes », ajoute maître Bénéwendé Sankara. En septembre 2018, le président français Emmanuel Macron avait déclassifié une partie des archives concernant le Burkina Faso produites entre 1984 et 1987 selon le journal La nouvelle tribune. Certains dossiers sont aux mains du juge, a confirmé maître Bénewendé Sankara.
Des jeunes entre espoir et méfiance
Les analyses ADN, faites dans des laboratoires en France et en Espagne n’ont livré aucune information concernant l’identité des victimes, a reconnu maître Bénéwendé Sankara. Mais cela n’est pas un obstacle pour l’ouverture du procès pour les avocats. « C’est faux de faire croire aux gens, qu’en droit, pour établir la responsabilité pénale d’un auteur présumé, il faille établir une expertise ADN. Il y a chaque jours (…), des procédures en assassinat, en meurtre, mais jamais on ne requiert une expertise ADN. Pourtant, on arrive à des condamnations », a révélé maître Prosper Farama, également membre du comité des avocats.
Cependant, certains jeunes restent méfiants concernant ces informations. « Chaque année, c’est la même chose. Mais depuis l’insurrection populaire, les autorités ont pris conscience que la population aspire plus à la justice. Et au vu ce qui s’est passé avec le procès du putsch manqué, on espère que cette fois-ci, c’est sérieux », estime Sansan Emile Kambiré âgé de 24 ans et étudiant en deuxième année en sciences de la vie et de la terre (SVT). Wahabou Ouédraogo, âgé de 30 ans et étudiant en géologie est aussi dubitatif : « Ils disent avoir des éléments solides. Mais nous à notre niveau, on est impatient que la justice éclate. Pour cela, nous attendons de voir si la justice, la vraie, verra le jour ». La date du procès n’est toujours pas connue.