L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au Burkina Faso a fait des victimes parmi les jeunes. Parfait Gnoula a reçu une balle et perdu son cousin après la chute de Blaise Compaoré. Aujourd’hui, il se sent abandonné.
Installé au quartier 1200 logements de Ouagadougou, l’ « insurgé » Parfait Gnoula continue de gagner sa vie en tant que coiffeur. Ce métier, il l’exerçait déjà avant les manifestations de 2014 qui ont conduit au départ de Blaise Compaoré le 31 octobre 2014. Aujourd’hui, Parfait observe à distance la situation socio-politique du Burkina Faso. Sa vie n’a pas changé depuis l’insurrection populaire selon ses explications.
Le jeune homme, aujourd’hui la trentaine, a participé aux différentes manifestations qui ont conduit à la chute du président Blaise Compaoré. Victime de l’insurrection populaire, il se dit être abandonné et se demande souvent si son sacrifice n’est pas resté vain. Il reste marqué par ce qu’il a vécu le 31 octobre 2014 : son cousin Fabrice Yempabou Ouoba est mort affirme t-il abattu par des gardes de François Compaoré.
Désenchanté, c’est avec amertume qu’il se souvient de ce jour-là où il a échappé à la mort. « Je repense toujours à ce qui m’est arrivé avec mon frère qui a perdu la vie », dit-il en soupirant. « Après l’Assemblée nationale, nous avions décidé d’aller à Kossyam. Nous avons plutôt emprunté la voie de Boins Yaaré. Au niveau du canal, il y avait le cortège de François Compaoré qui passait. Nous nous sommes cachés », se souvient Parfait. Lorsqu’avec son ami, ils ont quitté leur cachette, Ils ont reçu des balles des gardes du frère cadet du président de l’époque Blaise Compaoré.
Il ne s’est pas rendu compte qu’il venait d’échapper à la mort : « j’ai entendu une mitraillette. J’ai dit à mon frère de rester dans sa position et qu’après leur passage, on allait se lever. Avant même que je me lève, des gens sont venus. Ils m’ont dit que mon frère était mort. J’ai dit « non ». Ils m’ont dit que moi-même j’ai reçu deux balles ». Parfait est finalement transporté au dispensaire Saint Camille de Ouagadougou où il est pris en charge. Cette blessure l’a empêché de travailler pendant plusieurs mois. Mais, pour tout soutien, Parfait raconte n’avoir reçu que des vivres. Cependant, ce n’est pas pour autant qu’il regrette la lutte menée pendant cette insurrection. Parfait déplore une chose: les problèmes des jeunes demeurent toujours.