Pauvreté, chômage, déscolarisation etc. sont des problèmes auxquels sont confrontés les jeunes de Léo (167 km de Ouagadougou). Sans accès aux sources de financement, le seul moyen pour s’en sortir est la débrouille.
Après son baccalauréat, Jonas Séni, 28 ans, a refusé de poursuivre ses études. La pauvreté de ses parents, l’a obligé a arrêté très tôt ses études pour de petits métiers. Sans activité sur place à Léo, il se rend à Ouagadougou dans l’espoir de décrocher un emploi. Après son service national de développement (SND) effectué au premier ministère, Jonas a mené plusieurs autres activités : ouvrier, volontaire, vendeur de carburant etc. Sa vie ressemble à celle de plusieurs autres jeunes de Léo.
« On ne s’intéresse pas aux jeunes ici. Il n y a pas de fonds spécifiques octroyés aux jeunes pour qu’ils puissent mener une activité génératrice de revenus. Il n’y a pas de centres de formation pour que chacun puisse apprendre un métier. Les jeunes sont laissés à eux-mêmes. Donc, ils vont souvent au marché pour soulever des sacs. Ils font beaucoup de travaux physiques pour ne rien avoir pratiquement », s’indigne Jonas. Il note, aussi, que ces travaux sont saisonniers. Ils ne permettent pas aux jeunes de véritablement s’en sortir.
« Le chômage est vraiment un problème »
Pour échapper aux vicissitudes de la vie, Jonas a installé depuis 2017 un fastfood en face du Lycée provincial de Léo. « J’ai appris à parler français et compter l’argent. C’est suffisant », avoue le jeune homme. Ce commerce lui permet d’aider ses parents et d’inscrire ses petits frères à l’école. C’est le sacrifice que doit faire un fils ainé selon Jonas Séni.
Yacouba Nacro n’a pu continuer ses études faute d’argent. Actuellement, il a monté un business de vente de carburant. Yacouba déplore l’absence des jeunes dans les projets de développement à Léo. « Par exemple, pour la clôture du stade. Il y a une entreprise qui est venue mais elle avait son propre personnel. Pourtant, s’ils font le recrutement ici, cela va permettre aux jeunes d’avoir un emploi. Par exemple, je vends du carburant. Si une entreprise vient s’installer et me contacte pour lui livrer du carburant, cela peut me permettre de gagner mon pain. Ils viennent, ils font leur commande ailleurs », regrette le jeune homme.
Cette précarité conduit certains parents à abandonner leurs enfants à eux-mêmes, selon Moussa Sanfo, conseiller principale d’éducation au Lycée provincial de Léo. « Le jeudi et le vendredi, vous allez constater qu’il y a beaucoup d’absences, ils vont au marché pour chercher de quoi à manger en tirant des charrettes et en aidant à charger les véhicules. Le chômage, est vraiment un problème », assure Moussa Sanfo. L’oisiveté étant la mère de tous les vices, pour des jeunes de cette ville, l’installation de projet les impliquant directement peut leur permettre d’éviter la fréquentation des débits de boissons, l’exode et le banditisme.