Certains jeunes n’ont pas connu le journaliste Norbert Zongo assassiné le 13 décembre 1998. Malgré tout, ils attendent que justice soit rendue 21 ans après. Pour beaucoup, le dossier piétine alors que des militants pour les droits de l’homme estiment que leur lutte a produit des résultats.
Jonas Tindano, n’était pas né en 1998, année de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Mais, au lycée à Bogandé (250 km environs de Ouagadougou), il dit avoir participé aux marches de protestation à chacune des commémorations de cet assassinat. Ces meetings ont alimenté sa soif de justice selon ses propres affirmations. Aujourd’hui, âgé de 19 ans, il décidé de s’inscrire en sciences juridiques et politiques (SJP) à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou pour défendre les causes qui lui semblent justes.
« Depuis 20 ans, le dossier n’est pas encore jugé. Il y a des noms qui reviennent, je pense que cela devrait maintenant être plus facile », affirme Jonas Tindano. Pour lui, les principaux incriminés dans le dossier doivent accepter de se présenter devant la justice. « Pour la justice et la liberté, il faut qu’il y ait un jugement parce que cela fait trop longtemps. Chaque année, on organise des marches, après, il n’y a pas de suite », ajoute le jeune homme.
« Des avancées »
« Il ne suffit plus de marcher. Il faut qu’on fasse pression pour que le dossier soit jugé parce que c’est un combattant de la liberté (…) », s’indigne Gérard Tindano, également étudiant en SJP. « Je pense depuis un certain temps, ils ont fait un pas. Mais avec la chute de Blaise Compaoré, on pouvait faire mieux pour juger les coupables », estime Evariste Diabouga. Pour lui, l’Etat burkinabè doit mener une pression diplomatique pour extrader François Compaoré exilé en France. En juin 2019, la cour de cassation de la France a validé l’extradition de François Compaoré autorisé une année plutôt par la cour d’appel.
Pour Aly Sanou, secrétaire général du mouvement burkinabè des droits de l’homme (MBDHP), il y a eu des avancées puisque le dossier a été rouvert en 2014. Il rappelle qu’en 2006, la justice burkinabè avait prononcé un non-lieu dans cette affaire. Les Burkinabè doivent maintenir la pression selon lui : « aujourd’hui, il y a trois personnes qui sont détenus et une quatrième personne, en la personne de François Compaoré qui est impliqué en attendant son extradition au pays. Cela signifie que depuis 21 ans, nous n’avons pas baissé les bras. C’est en gardant le cap de la mobilisation que la justice se fera ».
Pour Rodrigue Arnaud Tagnan, la commémoration de cette année avait pour but d’interpeller les autorités françaises afin que François Compaoré extradé. « Cela fait 21 ans alors que François Compoaré est un témoin clé de l’affaire Norbert Zongo », regrette Rodrigue Arnaud Tagnan, journaliste et militant du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC). Trois soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et François Compaoré, frère de l’ancien Blaise Compaoré ont été inculqués dans ce dossier.
Comme l’assassinat de l’ex-président Thomas Sankara en 1987, le meurtre de Norbert Zongo garde une forte charge symbolique au Burkina, où chaque année, le 13 décembre, des milliers de Burkinabè se rassemblent pour demander justice pour l’assassinat du journaliste.