Des jeunes burkinabè craignent que les futurs groupes de volontaires pour la défense de la patrie ne soient récupérés à des fins politiques dans la lutte contre le terrorisme. Le député de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) Lona Charles Ouattara rassure que ces recrues ne seront pas placées sous la supervision des conseils villageois de développement (CVD) et les conseillers municipaux.
Pas de crainte. Les conseils villageois de développement (CVD) ne sont pas impliqués dans le recrutement des groupes de volontaires de défense pour la patrie assure le colonel Lona Charles Ouattara, membre du conseil de défense et de la sécurité de l’Assemblée nationale du Burkina. Pendant l’émission Ya’Débat du Studio Yafa, ce sujet a constitué l’un des points d’achoppement lors des échanges.
Le coordonnateur du Mouvement pour la défense de la patrie Aly Nana a déploré que les CVD et les conseillers municipaux qu’ils considèrent comme des acteurs politiques soient impliqués dans le recrutement des volontaires selon les textes qui circulent dans les médias et les réseaux sociaux. « Le fait qu’on mette à contribution les CVD et les conseillers municipaux, nous courrons le risque de politisation de ce processus de recrutement », met en garde Aly Nana.
Mais cette version n’est pas la bonne selon le député Lona Charles Ouattara. Il assure : « Nous avons décidé que la future recrue ne soit pas placée sous la supervision du CVD et du conseiller municipal parce qu’ils appartiennent à des structures politiques ». Lona Charles Ouattara s’appuie également sur l’article 3 de la loi qui met l’accent sur la neutralité et l’intégrité du volontaire.
Des craintes d’instrumentalisation
Malgré ces dispositions, Alexis Kafando étudiant en biotechnologie à l’Université Joseph Ki-Zerbo craint l’instrumentalisation de ces volontaires par des hommes politiques. Ils redoutent également que ces volontaires ne soient envoyées au front, en première ligne. « Les volontaires sont recrutés pour défendre leur village. Ils ne sont pas déportés à l’extérieur du village », précise Lona Charles Ouattara.
Le mouvement pour la défense de la patrie est déjà engagé depuis le mois d’octobre 2019 dans 30 provinces selon son coordonnateur. Aly Nana souhaite que les membres de ce mouvement, composé de Kogl-weogo, de dozos, d’anciens militaires etc., soient directement engagés pour éviter les doublons. La formation de 14 jours de ces volontaires est jugé insuffisante par les jeunes. Lona Charles Ouattara, reconnaît cette insuffisance.
Mais selon lui, cette formation consiste à faire des jeunes des agents de renseignement. Ensuite, ils pourront se défendre avec les moyens de bord si la situation l’oblige. La principale crainte du député Lona Charles Ouattara réside au niveau des primes de démobilisation. « Si vous ne désarmez pas l’homme qui est mobilisé, vous courrez tous les risques », prévient-il. Les invités ont, néanmoins, tous salué l’adoption de cette loi qui va impliquer les villageois dans la lutte contre le terrorisme qui sévit au Burkina Faso depuis 2015. Cette loi n’a pas encore été promulguée par le chef de l’Etat Roch Kaboré.
L’émission Ya’Débat sera diffusée à partir du samedi 1er février 2020 sur l’ensemble des radios partenaires du Studio Yafa.