A Boulmiougou, de jeunes maraîchers se sont spécialisés dans la culture de la fraise. Mais, la méconnaissance du fruit, le problème d’écoulement, la difficulté de conservation etc. sont des obstacles que ces jeunes doivent braver.
Au jardin potager de Boumiougou, Issa Kouraogo, 30 ans, arrose depuis 7 heures son potager. Parmi les planches, des plants de fraises dont certains fruits déjà rouges sont signes de maturité. Ils sont arrosés avec délicatesse car le jeune homme craint qu’ils ne se détachent. Mais Issa qui prépare sa récolte se dit tracasser par les difficultés d’écoulement. « Nous procédons aux récoltes tous les trois jours. Si vous passez une semaine sans vendre, les fruits finissent par pourrir », se plaint Issa Kourago. En plus, il dit ne pas avoir les moyens de vendre en province et dans les pays de la sous-région comme le font certains producteurs.
Plus loin, Ousmane Nikièma, la cinquantaine, supervise l’arrosage de ses plants par ses employés. Lorsqu’il commençait la culture des fraises en 1977, selon ses explications, elles étaient destinés justes à une poignée de personnes. Mais, depuis quelques temps, le nombre de consommateurs a augmenté, la production aussi. « C’est une production très périssable. Si tu récoltes trop tard, les fruits pourrissent. Si tu as également une grande quantité de récoltes, tu cours des risques de perdre une partie de ta production », assure Ousmane.
En plus de cela, Ousmane Nikièma déplore certains préjugés qui entourent la consommation de la fraise : « Par ignorance, certains jeunes pensent que c’est une production réservée à une élite», assure-t-il. Les fraises cultivées du Burkina Faso sont appréciés par le marché occidental, explique Ousmane. « Il n’y a qu’une seule compagnie aérienne qui est équipée pour transporter nos productions hors du pays. Cela réduit notre marge de manœuvre», affirme avec amertume Ousmane.
Au marché de fruits de Rood Woko, le grand marché de Ouagadougou, des vendeuses de fruits proposent également des fraises sur leurs étals. Parmi elles, Salimata (nom d’emprunt) déplore la rareté de la clientèle. « Actuellement, je peux vous dire que ça va parce qu’il fait toujours frais. Nous n’avons pas de chambres froides pour conserver nos produits. La conservation est beaucoup plus difficile que celle des autres fruits. Au mois d’Avril, on est souvent obligé de jeter ce qu’on n’a pas pu vendre parce que les fruits se décomposent très vite», regrette-t-elle. Acheté souvent à 2000 francs CFA le kg, elle dit les revendre avec un bénéfice de 300 francs CFA. « Mais certains clients trouvent ça trop chers », atteste-t-elle.
Face à ces problèmes Ousmane Nikièma propose la construction d’une usine de transformation sur place. « Si nous avons une usine ici, nous pourrons fabriquer des biscuits, du yaourt etc. », soutient-t-il. Il juge aussi nécessaire de sensibiliser les Burkinabè sur les qualités nutritives des fraises pour les encourager à les consommer.