Burkina : les jeunes préfèrent l’argent aux  idéaux politiques
'' La violence, la gabégie, et le favoristime rongent la classe politique au Burkina''

Burkina : les jeunes préfèrent l’argent aux idéaux politiques

La nouvelle génération d’acteurs politiques doit rompre avec l’ancienne classe. Elle doit créer les conditions d’une politique humaine et responsable. Cette rupture avec l’ancienne génération de politiciens permettra selon les invités de Ya’Débat de ce vendredi 21 février 2020 de reconstruire la société burkinabè.
 
‘’Les ainés refusent de transmettre le pouvoir aux jeunes. Ils tiennent trop longtemps le flambeau ’’  déplore Lionel Bilgo dès l’entame du débat. L’auteur du livre – Du rêve à l’action : créons demain – qui fait l’objet de Ya’ débat estime que « l’ancienne classe politique burkinabè tient trop longtemps le flambeau et pour moi c’est le symbole d’un égoïsme sans pareil ».  Un avis contesté par le doyen Firmin Diallo, formateur au centre Kwamé N’krumah du Mouvement pour le peuple et le progrès (MPP), parti au pouvoir. «  Je ne suis pas d’accord avec monsieur Bilgo. Nous ne refusons pas de transmettre le pouvoir. Avec Valère SOME, nous avons créé un centre pour former les jeunes. Mais au bout d’un certain temps quand ils se sont rendus compte qu’il n’y avait pas de l’argent en retours ils sont partis ».
Engagé en politique depuis 1983, Firmin Diallo fait remarquer que sa génération s’est forgée des valeurs politiques qui ont malheureusement été perdu à partir de 1990.

Mais pour Lionel, les valeurs mentionnées par Firmin Diallo sont entachées de ‘’ violence en politiques, de gabegies, de favoritisme et de la promotion de la médiocrité ». ‘’ L’exemplarité  et le mérite n’existent plus en politique au Burkina. Combien de gens ont été condamnés mais qui continuent d’occuper toujours des postes ministérielles aujourd’hui ‘’,  insiste  l’écrivain.

Firmin Diallo se défend en laissant entendre que ‘’La gabegie qu’évoque Lionel n’a pas commencé avec la génération de 1983, mais depuis 1966 sous Maurice Yaméogo’’.  Pour cet ancien collaborateur du président Thomas Sankara sous le Conseil national de la révolution (CNR), les intérêts personnels et la recherche du gain ont pris le dessus sur les valeurs patriotiques avec cette génération des années 90.

Tout en reconnaissant la justesse des propos, Lionel Bilgo souligne que la jeunesse de 1983 ne s’est pas nourrie dans le néant comme on le constate maintenant. ‘’ La jeunesse de 1983 a eu le soutien de ses ainés. C’est donc dommage de voir que ceux qui ont réussis n’ont pas pu pérenniser ces valeurs dans le temps. Ils ont fait de la déshumanisation du pouvoir’’ explique Bilgo. Il y a un certain sentiment « d’irremplaçabilité » de l’ancienne classe politique au Burkina.
Et ce sentiment d’ « irremplaçabilité » rend difficile la transmission du pouvoir selon l’écrivain. Pourtant : ‘’ il faut qu’on arrive à rendre la politique humaine. Les époques ne sont pas les mêmes. Les enjeux de 1983, de 1990 et ceux d’aujourd’hui sont complètement différents’’ soutient Ousséni Derra, secrétaire général de l’association jeunesse développement. Il ajoute qu’il  faut que les aînés se parlent et  se pardonnent s’ils veulent réellement transmettre le flambeau à la nouvelle génération.
 
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