A Ouahigouya, au nord du Burkina Faso, sur le site des déplacés internes communément appelé Youba 2, les enfants des personnes déplacées internes ont le sourire. Un espace de jeu aménagé permet à ces enfants de s’amuser de jour comme de nuit. Des moniteurs les accompagnent et leur portent assistance.
Sur le site des déplacés internes de Youba 2 à Ouahigouya, un chant d’enfants au rythme du lounga, instrument de musique semblable au tam-tam s’entend de loin. Pendant que certains enfants apprennent à jouer de la musique, d’autres s’adonnent au jeu de dame.
Devant un jeu de waré, jeu traditionnel africain, un autre groupe d’enfants se défient sous le regard de leurs camarades, conquis. Chacun attend son tour pour jouer. Plus de 500 enfants déplacés internes de Titao sont réunis ce matin dans un espace de détente spécialement aménagé : un hangar d’une centaine de tôles divisés en plusieurs compartiments dans un espace ouvert.
La joie des enfants
Kabirou, 13 ans, a quitté Titao en janvier 2021 suite aux attaques attribuées à des groupes armés. Aujourd’hui, le petit garçon à l’air visiblement heureux malgré le traumatise vécu. Avec ses camarades, il apprend à jouer au waré. « C’est très intéressant de jouer au waré. Quand tu commences tu n’as plus envie de quitter la partie. Ça me donne la joie au cœur, ça participe à mon éveil. Vraiment ça m’aide beaucoup », explique le jeune garçon, visiblement émerveillé.
Jeunes filles comme garçons, aucune distinction n’est faite. Un moniteur veille à la discipline dans l’espace. « Les jeux qu’on pratiquait à la maison et ce qu’on fait ici, c’est différent. A la maison on pouvait s’amuser et ça va se terminer par la bagarre. Mais depuis qu’on s’amuse ici, on ne sait jamais insulter, on ne s’est jamais frappé aussi », se réjouit Mariam Belem, la dizaine.
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Oumuo Nacanabo est l’une des animatrices de cet espace de distraction dédié aux enfants déplacés internes. Selon elle, ces séances de jeu organisées permettent de déceler les difficultés que traversent ces enfants. « En jouant avec les enfants, facilement tu peux voir un enfant qui te présente un visage différent de celui de la veille. Quand tu échanges avec lui, il peut dire qu’il a peut-être faim, on bien certains peuvent te dire que c’est parce qu’ils n’ont pas eu d’eau pour leur toilette. Ce sont des problèmes qu’on rencontre parfois. Pour certains tu vas te rendre compte qu’ils sont venus seuls sur le site, sans leurs parents ». Les moniteurs profitent de ces moments pour apporter assistance et conseils aux enfants. Ces espaces de jeu sont l’initiative d’associatives caritatives dans le cadre de la prise en charge psycho-sociale des enfants déplacés internes.
Patrice Kambou