La subvention de la delivrance des cartes nationales d’ididenté par des hommes politiques à 9 mois des élections présidentielle et législatives au Burkina suscite la controverse. 1400 personnes ont notamment bénéficié individuellement d’une carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) dans la province des Balés dans la région de la Boucle du Mouhoun à l’initiative du député Abdoulaye Mossé de la majorité présidentielle. De nombreux autres acteurs politiques ont aussi fait de même. Des jeunes y voient de la corruption électorale.
Seydou, l’un des bénéficiaires des CNIB subventionnées par Abdoulaye Mossé est catégorique. La délivrance gratuite de sa carte d’identité n’influencera en rien son choix électoral. ‘’ Je suis content d’avoir bénéficié de la carte car la mienne devrait s’expirer en fin mars. Je pourrai désormais m’inscrire sur la liste électorale et voter pour le candidater de mon choix » affirme-t’il.
Le député assure qu’il n’y a aucune arrière-pensée politique derrière son geste. » C’est un acte citoyen. C’est tout naturel. C’est comme offrir un forage à des populations. Malheureusement cette délivrance coïncide avec la tenue des élections dans 8 mois’’, explique le député du MPP, le parti au pouvoir.
Moussa Zerbo, député de l’opposition, lui a un avis contraire. A travers cette subvention les hommes politiques, insiste-il, cherchent à capter un potentiel électoral. ‘’ En plus des députés, des ministres, des directeurs généraux, des présidents d’institutions sont en train de subventionner les CNIB dans leurs provinces. Dans les coulisses, on apprend même que cette action est soutenue par les plus hautes autorités du pays » dit-il.
Il s’agit à ses yeux rien moins que de la corruption électorale qui risque d’entacher la crédibilité des élections. »Des acteurs politiques ont des listes prédéfinis de personnes, à qui, ils offrent ces cartes d’identités, contrairement aux associations qui ne font pas de préférence » revèle t’il.
‘’Je ne crois pas qu’on peut réduire le Burkinabè à 2 500 F CFA’’, regrette Abdoulaye Mossé. En 2012, se souvient-il, le parti au pouvoir avait offert des engins à deux roues aux citoyens. ‘’ Ces dons n’ont pas influé sur les voix’’, soutient-il. Cette subvention des cartes par des acteurs politiques à quelques mois des élections suscite de nombreux d’interrogations selon Remi Kaboré, médecin. » Les bénéficiaires de la carte pourraient se sentir redevable envers les donateurs. Ce qui peut s’apparenter à un achat de conscience » dit-il.
Rodrigue Tagnan de la communication du réseau de lutte contre la corruption (Renlac) rapelle toutefois qu’‘’au Burkina on parle de corruption lorsque la valeur du cadeau excède 30 000F CFA’’. Il n’y a donc pas véritablement de corruption électorale mais plutôt une influence électorale selon le communicateur.
Plus de 5000 cartes ont été subventionnées selon l’Office national d’identification.