La décision du président Ivoirien Alassane Ouattara de ne pas briquer un troisième mandat, annoncée le jeudi 5 mars 2020, est saluée par des jeunes burkinabè. Pour certains d’entre eux, le président ivoirien veut éviter une insurrection populaire comme ce fut le cas au Burkina Faso en 2015.
« Alassane Ouattara veut éviter ce que nous avons vécu (insurrection de 2015) au Burkina avec Blaise Compaoré. C’est pourquoi il a pris cette décision », analyse Hien Sansan, étudiant à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou après la décision d’Alassane Ouattara le jeudi 5 mars 2019 de ne pas briquer un troisième mandant. Pour ce jeune burkinabè, Alassane Ouattara a pris cette décision sous la pression puisqu’il a maintenu le suspens avant de faire cette annonce.
Né en Côte d’Ivoire et ayant passé une partie de son cursus scolaire, Alassane Sawadogo dit suivre de près l’actualité ivoirienne parce que ses parents y résident. Il salue cette décision parce qu’il redoutait une crise « Ils ont vu leur voisin le Burkina Faso, avec son président qui était sollicité partout comme médiateur et avec ce qui s’est passé, cela n’a pas donné une bonne image au Burkina Faso », affirme Alassane. Sa position est également soutenue par Ouango Koala, étudiant. « Il sait que s’il va s’accrocher, il risque de connaître une insurrection populaire comme au Burkina Faso », ajoute- le jeune homme.
Céder la place à la jeunesse
S’ils jugent cette décision sage, certains déplorent le timing de l’annonce. Pour Alassane Sawadogo, le président ivoirien n’aurait pas dû attendre six mois avant les élections pour prendre cette décision. « Si les autres chefs d’Etat pouvaient aussi emboîter son pas, on pourrait vraiment éviter les crises. Souvent, les chefs d’Etat attendent que ça dégénère et qu’il y ait la violence avant de céder. Sauf que Alassane Ouattara aurait dû le dire plus tôt pour préparer la jeunesse qui compte aussi faire de la politique », défend-t-il. Il prend l’exemple sur le conflit avec l’ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire Guillaume Soro aujourd’hui exilé.
Ismaël Nikièma pense que cette décision doit aussi inspirer certains chefs d’Etat africains dont certains sont de la même génération que Alassane Ouattara. « S’ils font une bonne lecture des choses, ils prendront des décisions sages. De nos jours, la jeunesse a les yeux ouverts et en Afrique, on est majoritairement jeune », prévient le jeune homme.
Dans son annonce, le président ivoirien affirme qu’il passera le relais à « une nouvelle génération ». Ces propos sont accueillis avec méfiance par Ouango Koala: « Mais est-ce à dire que ce sera un jeune. Une nouvelle génération, on ne sait pas qui. Une nouvelle génération, ça peut être encore un vieux. On entend dire que ce sera Amadou Gon Coulibaly qui va le succéder. Si c’est vraiment lui, rien n’aura changé. Il n’est pas jeune ». Malgré ces réserves, certains d’entre eux disent espérer que cette décision va également inspirer le président Guinéen Alpha Condé qui compte organiser un référendum le dimanche 8 mars 2020 afin de briquer un troisième mandat.