Région par excellence de faune et de flore, l’Est du Burkina était l’attraction des touristes nationaux et étrangers. Mais le bruit des armes a perturbé la quiétude qui régnait dans les parcs et autres lieux d’attraction. A Fada N’gourma, capitale de la région, les hôteliers accusent le coup, leur taux de remplissage est souvent nul. Ils espèrent une embellie de la situation pour ne pas mettre les clés sous le paillasson.
Un calme règne à la résidence la Paix, située au Nord de la ville, au secteur 6. Pas parce que les clients de l’hôtel font la sieste en cette mi-journée, mais plutôt parce qu’il n’y a pas pratiquement pas de clients. Le promoteur, Maximilien Thiombiano du premier étage observe les rares mouvements devant son établissement. Quand nous l’y rejoignons, on peut observer au moins, la mythique colline sacrée le Nalambou qui donne son nom à une des équipe de football de Fada.
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D’un ton calme, Maximilien nous explique que le secteur hôtelier ressent de plein fouet la crise sécuritaire. « Nous n’avons plus de touristes. Le tourisme endogène n’est pas beaucoup développé. Donc dans l’ensemble, le taux de remplissage est faible, pratiquement nul …c’est un coup dur pour le secteur hôtelier », regrette cet ingénieur en génie civil qui, il y a quelques années, a décidé d’investir dans ce secteur autrefois porteur dans la localité. Arrivé au mauvais moment, pourrait-on caricaturer son cas.
Les clients se font rares
« C’est un projet muri depuis de longues dates, au moment où nous devrons commencer à voir les retombées de cet investissement, le terrorisme est venu. C’est une épreuve que nous traversons, on garde toujours de l’espoir », soupire-t-il.
A l’autre bout de la ville, au secteur 2, c’est le même constat. A l’auberge du plateau, le gestionnaire Hamadou Lompo nous apprend actuellement qu’il n’y a que deux personnes dans son l’établissement alors qu’avant, il affichait complet presqu’à tout moment. « C’est partout. Quand on se croise au contrôle pour remettre les fiches, certains même viennent sans fiche parce qu’ils n’ont enregistré aucun client », regrette le jeune homme.
Des emplois supprimés
A défaut de fermer, des établissements hôteliers ont dû dégraisser leurs effectifs. « On avait deux gérants, finalement un seul est resté. J’employais également deux femmes de ménage, j’ai remercié une. Au lieu de deux gardiens aussi, je travaille avec un seul actuellement », explique Youmani Idani, patron de l’auberge du plateau.
Son chiffre d’affaires d’environ 2 millions par mois il y a quelques années a considérablement chuté. « Actuellement j’ai généralement 500 000 FCFA. Vous voyez, si par mois tu ne peux avoir 600 000, ce n’est pas simple de garder tout son effectif », ajoute-t-il.
La situation n’est guère reluisante chez Maximilien Thiombiano qui reconnaît que c’est à contre cœur qu’il a dû de séparer de certains de ces collaborateurs : « Quand vous n’avez pas de clients, la buanderie fonctionne au ralenti. Nous avons dû dégraisser les effectifs, pour rester en vie, on sera obligé de diminuer les effectifs. C’est un effet domino ».
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C’est avec impuissance que la situation est vécue à la Direction provinciale de la culture, des arts et du tourisme du Gourma. « On peut crier haut et fort que la situation est criarde dans la région de l’Est. Pour aller à Pama par exemple, si ce n’est en avion, ce n’est pas possible. Toutes les infrastructures hôtelières qui y étaient, ont fermé. Les zones de chasse sont déclarée zones d’intérêt militaire », se désole le directeur Jean Lompo.
Tous les acteurs du secteur de l’hôtellerie à Fada N’gourma espèrent le rétablissement de la sécurité pour la reprise effective de leurs activités.
Tiga Cheick Sawadogo