Covid-19 au Burkina : interrogations autour de l’élan de générosité
La propagation de la pandémie a déclenché un élan de solidarité de la part des entreprises publiques et privées

Covid-19 au Burkina : interrogations autour de l’élan de générosité

Des vivres, du matériel d’hygiène et sanitaire, des chèques, sont offerts au ministère de la santé ou aux ménages dits vulnérables, depuis le début de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Institutions, entreprises, particuliers, l’élan de solidarité semble avoir touché tout le pays. Le ministère en charge de l’action sociale, attendu sur le plan de la coordination semble peu ou pas impliqué.
 
Une centaine de ménages au quartier Dassasgho a bénéficié, le samedi 10 avril, d’un don composé de sacs de riz, de pâtes alimentaires, d’huiles et de savons. Les donateurs du jour ont choisi de faire du porte-à-porte, en allant directement vers les ménages jugés vulnérables. ‘’ Nous avons fait le choix de ne pas passer par l’action sociale pour faire notre don. Le besoin était pressant depuis la fermeture du marché de Dassasgho. Des familles démunies manquent de quoi survivre’’, explique Fatim Touré, l’une des donatrices. Cette solution, est de l’avis de Fatim, bien plus efficace que de passer par les services sociaux.
 
Dans un contexte socio-économique et sanitaire rendu difficile en raison de l’épidémie de la Covid-19, l’élan de générosité se multiplie. Depuis de le début la crise sanitaire, la mairie de la ville de Ouagadougou reçoit fréquemment de vivres, offerts par des entreprises et des particuliers, au profit de personnes démunies. Selon le maire de la commune de Ouagadougou, Armand Béoindé, un comité composé des services sociaux relevant de la commune est mis en place pour suivre le partage équitable des dons. Mais, ces services sociaux ne sont ni du ministère en charge de l’action sociale, ni du Conseil national de secours d’urgence (Conasur)
 
 ‘’ Nous constatons comme tout le monde les remises de dons sans une coordination des services en charge de ces questions. Nous ne faisons qu’observer’’, affirme un agent du Conseil national de secours d’urgence qui a requis l’anonymat.
 
 
                                                                                                                                            Risque de détournements 
 
Cependant quelques structures font appel à la direction générale de l’action humanitaire pour faire leurs dons. ‘’ Il y a une fiche à renseigner à notre niveau dans le cadre des dons et autres œuvres sociales ’’, explique Mme Zoma, directrice générale de l’action humanitaire. Selon elle, les dons doivent être coordonnés pour un suivi efficace. ‘’ S’il n’y a pas de coordination,  il y a des ménages vulnérables qui vont recevoir deux fois des dons alors que certains n’en ont pas eu ’’, déplore la directrice.

lI revient au ministère en charge de l’action sociale d’éviter une gestion inefficace et chaotique de la chaîne de solidarité selon Lionel Bilgo, analyste politique.
‘’Il est de la responsabilité du ministère de collecter, d’identifier les besoins les plus cruciaux car c’est lui qui a la  maîtrise des personnes vulnérables ’’, précise-t-il.
‘’Nous risquons de vivre une hécatombe de revendications ou de possibles  détournements de fonds ’’, s’inquiète l’analyste politique pour qui cet élan de solidarité peut être source de problèmes autres que sanitaires et  sociaux.
 
Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a d’ailleurs appelé mardi, le gouvernement « à prendre les dispositions nécessaires pour une gestion transparente des ressources mobilisées », dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. « Il appartient au gouvernement de mettre en place un dispositif institutionnel opérationnel et transparent, en dehors de tout calcul partisan et électoral, pour permettre aux populations vulnérables de bénéficier de l’assistance appropriée », a indiqué le (REN-LAC) dans un communiqué.