La majorité et l’opposition politique burkinabè sont favorables l’organisation des élections présidentielle et législatives malgré la recrudescence des attaques terroristes. Mais certains partis politiques estiment qu’il faut d’abord réunir toutes les conditions sécuritaires avant la tenue de ces élections. Au cours de l’émission Ya’Débat du Studio Yafa, les invités ont cependant reconnu la nécessité d’un dialogue national pour trouver un consensus.
« Nous avons une bonne partie de notre territoire qui n’est pas sous le contrôle du gouvernement. Organiser des élections dans ce contexte mettra beaucoup de citoyens en dehors du jeu démocratique », prévient Henri Zougmoré, représentant l’Opposition non affiliée (ONA) pendant l’émission Ya’Débat du Studio Yafa.
Pour lui, maintenir les élections malgré la dégradation du contexte sécuritaire équivaut à créer d’autres problèmes. « Si vous forcez et vous organisez les élections dans ce contexte, il y a des risques que les zones non attaquées soient perturbées parce que les terroristes tenteront de le faire (…) c’est même indécent que les gens continuent de parler d’élections en ce moment», déplore Zougmoré.
Eviter le vide juridique
Pour le journaliste Paul Miki Rouamba la question sécuritaire doit être la priorité des acteurs politiques burkinabè. « La question électorale ne peut pas être la priorité de la population. N’allez pas poser cette question aux populations du Nord où près d’un million sont en situation d’insécurité », avertit Paul Miki Rouamba. Pour lui, si d’ici le 22 novembre 2020, date prévue pour les élections, la totalité du territoire burkinabè n’est pas récupérée, l’organisation du scrutin risque d’être partielle. Dans ce cas, des populations risquent de ne pas reconnaître les élus.
L’opposition politique burkinabè reconnue à travers le chef de file de l’opposition politique (CFOP) insiste sur l’organisation des élections comme prévue. « Si nous nous amusons à toujours repousser ces élections, on ne sait pas jusqu’à quand cette situation sécuritaire va perdurer. Si ce combat contre les terroristes dure pendant dix ans, (…) cela veut dire que durant dix ans il n’y aura pas d’élections », soutient Aziz Dabo, membre de la Nouvelle alliance du Faso. Pour lui, il faut éviter une situation de non droit face au vide juridique que cela va créer. Il reconnaît néanmoins que « La priorité des populations n’est pas de voter ».
Toutefois, les participants à l’émission Ya’Débat reconnaissent qu’il faut une concertation nationale pour dégager un consensus, des compromis afin d’éviter une crise institutionnelle.
L’émission Ya’Débat est diffusée tous les samedi à partir de 10 heures sur l’ensemble de nos radios partenaires. Il est publié sur notre site internet le lundi.