A Ouagadougou, le début de chaque saison pluvieuse suscite l’angoisse dans les zones dites inondables. A Dapoya, quartier situé non loin du barrage dit de Tanghin, des ménages ont déjà les pieds dans l’eau après deux pluies dans la capitale burkinabè.
Une natte et une couverture étalée au soleil se font remarquer à l’entrée d’une cour commune au quartier Dapoya de Ouagadougou. La propriétaire Marie Ouédraogo, dit avoir passé la matinée a évacué l’eau de sa maison suite à la pluie intervenue le mardi 9 juin 2020 aux environs de 4 heures du matin. De l’eau stagne toujours dans un couloir de la maison. « C’est comme ça à chaque pluie. Quand il pleut pendant la nuit, nous ne dormons pas. Nous sommes parfois obligés de fuir. Cette nuit, encore l’eau est entrée dans la maison », explique la jeune dame tenant un garçonnet dans ses bras.
Son voisin, Aoussou Sadou, un jeune nigérien, a aménagé dans cette cour commune depuis trois mois. Bien qu’ayant été averti des possibilités d’inondation, il dit n’avoir pas mesuré l’ampleur des risques. L’eau de pluie stagne toujours derrière la cour . « L’eau d’hier est entrée dans la maison. C’est la deuxième pluie seulement. Mais déjà, nous ne pouvons plus nous assoir derrière la cour parce que l’eau de pluie stagne depuis deux jours », affirme, tourmenté le jeune homme. Il explique également avoir pris des dispositions pour empêcher à nouveau l’eau d’entrer dans la cour.
Non loin de là, dans une autre concession dans la famille Ouango, l’inquiétude s’est installée depuis la première pluie à Ouagadougou le dimanche 7 juin 2020. La zone est inondable et les occupants disent ne pas savoir où trouver refuge. « Il y a des moments où l’eau peut montrer jusqu’à un mètre. Si vous ne nous croyez pas, passez voir après une pluie. Vous comprendrez qu’on ne vous ment pas », assure Marie Ouango.
Les travaux de l’échangeur de l’Est en cause
Dans ce quartier inondable, certains ménages ont construit en mettant en place des dispositifs barrières pour empêcher l’eau d’entrer dans leurs concessions. Des habitants du quartier pointent du doigt les travaux de construction de l’échangeur de l’Est, non loin de l’hôpital Yalgado Ouédraogo. Selon eux, ces travaux ont rendu la zone encore plus inondable. « Depuis que les travaux ont commencé, cela fait près de cinq ans aujourd’hui, nous n’avons pas la paix. Nous avons appris qu’ils ont bouché un canal pour construire un pont. Ce qui provoquait des inondations dans notre quartier. Mais maintenant que le pont est fini, il faut qu’il débouche le canal », dit-il en colère.
« Ce ne sont pas des inondations seulement. L’eau qui stagne, ce sont des nids de maladies », ajoute Moussa Sawadogo. Après les inondations du 1er septembre 2009 qui avaient causé près de 150 mille sinistrés, le gouvernement burkinabè avait décidé du déguerpissement des quartiers jugés inondables dont Dapoya. Certains ont été relogés tandis que d’autres font toujours de la réticence.