Selon les données du Conseil national de lutte contre les IST, la région du Sud-ouest vient en tête des régions les plus infectées au VIH/sida avec 2,6% du taux d’infection. Les jeunes en sont conscients. Ils vivent donc avec cette réalité tout en prenant leurs précautions.
La question du VIH/sida est encore taboue dans la ville de Gaoua. Autour du thé, plusieurs jeunes échangent tout en évitant d’aborder le sujet. Ils savent certes que leur ville est la plus infectée de tout le pays mais ils préfèrent se taire. Et insister sur le sujet avec eux, c’est prendre le risque de les voir se disperser. « Ça fait peur ! Si dans ta région on te dit que vous êtes les plus touchés. C’est normal que ça fasse peur. On se réserve beaucoup », laisse entendre Harakité Hien en savourant le thé contenu dans un ver en plastique. « Souvent on a des idées ; on ne sait pas si c’est fondé. On nous dit que les filles qui brillent … bon ! Quand tu vois tu as peur quoi ! Tu as envie de partir mais vu que la situation est préoccupante, on se réserve beaucoup », ajoute-t-il avant de se décider à ne plus parler et à s’éloigner.
Grossesse ou sida?
La réticence et la peur au niveau des hommes n’ont visiblement pas la même teneur chez les filles. Ici, elles préfèrent avoir le Sida au détriment d’une grossesse selon plusieurs résidents. La jeune coiffeuse Pauline Hien ne dira pas le contraire. Précision toutefois, certaines filles sont parfois obligées d’ignorer la prévalence de la maladie. « Elles cherchent l’argent », dit à voix basse Pauline avant d’expliquer « Certaines filles viennent à Gaoua pour apprendre les métiers et elles n’ont pas d’argent pour pourvoir à leur besoins. Elles se donnent comme ça pour avoir un peu d’argent pour acheter de la pommade, du savon et d’autres choses ».
Au sein des organisations de la société civile de la ville, l’on s’active pour lutter contre la maladie. Et pour mieux mener la lutte, elles se posent des questions sur les causes de ce taux élevé. « Vous savez que la Côte d’Ivoire a aussi un taux plus élevé que le Burkina. Or nous avons une population qui migre de façon permanente en Côte d’Ivoire et qui revient. L’information sur le VIH ne leur parvenant pas, tout ça contribue au fait que le taux soit élevé », tente de défendre, avec hésitation, le secrétaire exécutif de l’association Vie solidaire, Ampora Dah. Autre explication de ce taux élevé : l’activité d’orpaillage répandue dans la région et aussi la prostitution dans cette partie du pays.