La tension est retombée à Rimkiéta. Des habitants de ce quartier de la capitale burkinabè avaient marché il y a quelques jours pour exiger le bitumage de la voie principale. Le quartier est coupé du reste de la ville à chaque grande pluie et les populations ont l’impression d’être les oubliés de la capitale.
Longue de plusieurs kilomètres, la route principale de Rimkiéta fait beaucoup parler d’elle, en raison de son impraticabilité. Après chaque pluie, l’axe est parsemé de grosses flaques d’eau qui rendent difficiles tout trafic. « J’ai l’impression qu’on est oubliés, les autorités ne considèrent pas notre quartier. Je ne sais pas pourquoi. Il faut que l’Etat pense à nous, sinon on souffre beaucoup », rouspète Mohamed Lawal Koanda, coiffeur. Le jeune de 27 ans est assis devant son salon de coiffure qui fait face à la route objet de mécontentement. Sa complainte, Mohamed la justifie par le fait que chaque année, c’est la même rengaine dans ce quartier situé dans l’arrondissement n°3 de la ville de Ouagadougou.
Abdoul Aziz ne cache pas non plus son mécontentement. Ce jeune commerçant de 24 ans, dit ne pas trouver normal que son quartier soit oublié à tout point de vue. L’insécurité montante dans cette partie du territoire communal est la conséquence de ce manque d’infrastructures, analyse-t-il. « Personnellement, j’ai été témoin d’au moins cinq agressions en l’espace de quelques mois. Il y a environ un mois, un homme a été tué avec un pistolet et les agresseurs se sont enfuis avec sa moto scooter. L’insécurité est notre quotidien. Quand on appelle les policiers pour une urgence, ils n’arrivent pas à venir», fait remarquer le commerçant.
« On ne demande pas autre chose, juste un goudron. On ne demande pas de nous trouver des emplois. Il n’y a pas un seul centre de santé dans le quartier, quand il y a un malade dont l’état nécessite un transfert, c’est vraiment un calvaire », poursuit-il, le visage grave.
Une tradition de lutte
La manifestation du 13 juillet n’était pas la première dans le quartier. Depuis 2014 et ce chaque année, les populations expriment leur colère pour les mêmes préoccupations : le bitumage de la route principale, la construction d’un centre de santé. « Il a fallu marcher pour que les autorités construisent un pont. Nous croyions qu’après le pont, le bitumage de la route suivrait. Nous sommes pourtant dans Ouagadougou. C’était une piqûre de rappel, les autorités nous ont peut-être oubliés », explique Daouda Yaméogo qui vient de conduire une prière, sous un hangar à côté de ladite route.