Des artisans des pays étrangers avouent avoir eu peur de participer à cette édition du SIAO, à cause des attaques armées continuellement relayées surtout dans les médias internationaux.
L’affluence est timide en ce début de matinée sur le site du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). En attendant l’après-midi pour voir les stands et allées bondés de monde, les femmes de ménage profitent nettoyer les pavillons d’exposition.
Mais dans ce stand malgache, les premiers clients se présentent. Des objets de décoration d’intérieur et des ustensiles de cuisines faits à base de raphia, savoir-faire de la grande île ravissent les visiteurs. Difficile d’arracher un mot aux responsables, qui discutent avec les acheteurs, pendant que d’autres déballent des articles encore soigneusement conservés.
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« C’est différent de ce que j’avais imaginé. J’avais peur de venir, vous savez avec ce qu’on entend dans les médias tous les jours, on a l’impression que c’est le chaos au Burkina. Je suis content d’être là et de constater le contraire de ce que j’avais imaginé », nous lance un jeune exposant malgache qui est à sa deuxième participation au SIAO.
Cette impression depuis l’extérieur, cette mauritanienne l’a aussi vécue. « En tout cas, depuis que je suis arrivée je n’ai pas encore constaté ce que j’entendais sur le Burkina. On parlait de djihadistes, des attentats, des tueries ; pourtant il y’a la sécurité, à Ouaga en tout cas, allhamdoulilah », précise-t-elle aussi.
Même destin
Seydou Traoré avec ses frères tiennent un stand dans lequel la musique mandingue est distillée à longueur de journée. Du Bogolan, des bijoux ethniques parés de cauris et bien d’autres articles sont proposés. Originaire de Gao, une région du Mali également en proie à l’insécurité, le jeune exposant explique que le Burkina et son pays vivent la même situation d’insécurité. Rien de nouveau alors sous le soleil de Ouaga.
Du coup, il n’a pas hésité un seul instant à s’inscrire pour participer à cette édition du SIAO. « Le Burkina est un pays frère, nous vivons la même chose. En venant, c’est une manière de soutenir, pour dire qu’on est là malgré tout. Je viens de rentrer d’une exposition en France, avant ça j’étais à une foire au Mali », explique-t-il. Même s’il regrette la l’absence des acheteurs professionnels étrangers, ils se réjouit tout de même que de plus en plus, les africains consomment l’art africain.
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Lui est à 4e participation au SIAO, Kunjem Mama. Il fait le constat que le marché est lent à cette 16e édition du SIAO. Peur au moment de venir au Burkina ? Pas du tout répond le camerounais. « Chez nous au Cameroun, il y a également une province qui a les mêmes problèmes que ce que vous vivez aujourd’hui », évoque-t-il en faisant référence à Boko Haram qui sévit dans l’extrême Nord du Cameroun. Par contre, il admet qu’après s’être renseigné, il savait que la capitale Ouagadougou n’est pas la partie du pays où les attaques des groupes armés sont régulièrement enregistrées.
La plupart des exposants des pays étrangers rencontrés se disent aussi rassurés par le dispositif sécuritaire mis en place depuis le début de la fête de l’artisanat africain. La présente édition du SIAO se tient sous le thème, « Artisanat africain, levier de développement et facteur de résilience des populations ». Boubacar Lawson est en phase avec ce thème malgré le contexte délétère.
Nigérien, il précise que le contexte est pareil dans son pays, mais ce n’est pas une raison pour céder à la peur. « Il faut motiver, il faut laisser les doutes et la peur pour affronter la réalité. Si tout un chacun va avoir peur, on va abandonner et tout va s’écrouler. Donc prenons notre courage », prône celui qui est à la première participation au SIAO.
Ecouter notre reportage: Le Siao vu par les pays étrangers