Au lieu d’université Ouaga 2, il faudra désormais dire université Thomas Sankara. Ainsi en a décidé le gouvernement burkinabè qui a pris un décret de changement de dénomination du 22 juillet 2020 en conseil des ministres. Une décision bien accueillie par des étudiants. Le défi selon eux, incarner maintenant les valeurs défendues par le leader de la révolution d’aout 1983.
Dalenli Yonli n’était pas née en 1987 quand Thomas Sankara a été assassiné. Le jeune homme de 24 ans, étudiant en master 1 droit public fondamental se réjouit pourtant que son université porte le nom du leader de la révolution d’aout 1983. « C’est quelqu’un qui a beaucoup contribué à la promotion des droits des femmes, des enfants, de la communauté toute entière », soutient le jeune homme pour qui, les étudiants devront s’inspirer du dévouement au travail incarné par Thomas Sankara.
En année de master en économie, Sandwidi Yacouba, souhaite que ce nouveau nom soit pris avec responsabilité par les différents acteurs. L’étudiant de 29 ans veut que cette décision incite les enseignants à exceller dans la recherche et les étudiants « à se battre pour relever le défi en termes de résultat ».
Assise sur un banc de soupirs, révisant ses cours, Nafissatou Sawadogo, étudiante en 1ère année science biomédical n’est pas de l’université Thomas Sankara. Mais la jeune fille se réjouit de cette décision et estime que c’est une fierté que de sortir d’une université qui porte le nom de cette « figure historique qui a beaucoup fait pour son pays ». « Par rapport au comportement des étudiants, cela devrait apporter quelque chose. Ils sont désormais dans une université qui porte le nom d’un grand homme de ce pays, leur comportement doit aller dans le sens du combat de cet homme », ajoute Nafissatou de l’université Joseph Ki-Zerbo.
Une réhabilitation tardive ?
Pour la plupart des étudiants rencontrés, ce changement de dénomination devrait intervenir plutôt. Mais, « mieux vaut tard que jamais », reprend Nafissatou Sawadogo. Joint au téléphone, le secrétaire général du Comité international mémorial Thomas Sankara (CIM-TS), Luc Damiba relativise. « Même pour qu’on puisse tracer les premiers sillons de la commémoration de Sankara dans le pays, c’est après un certain nombre d’années. Cette chape de plomb qui était organisée autour de la mémoire de Sankara ne pouvait être célébré que hors du pays », est en train d’être levée depuis 2014, clame-t-il.
Il voit en ce baptême, un acte historique et symbolique qui permet de réhabiliter Thomas Sankara. « Les gens diront que ce n’était pas un chercheur, un universitaire, mais l’idéologie, l’approche politique que Sankara a expérimentée au Burkina Faso peut être étudiée à l’université. Les universitaires ont aussi un devoir moral de continuer à creuser ce qu’il a proposé », estime le secrétaire général, non sans rappeler que les diplômés de cette université auront désormais une charge morale : servir l’intérêt public.