De jeunes photographes burkinabè apportent de la fraîcheur et de l’innovation à travers plus de visibilité de leurs œuvres sur les réseaux sociaux. Le tout, sous le regard des aînés. Ces jeunes acteurs souhaitent par contre une meilleure valorisation de leur profession.
Siaka Sawadogo 22 ans capture des instants de vie. Avec son appareil photo, le jeune homme de 22 ans pratique la photographie depuis environ 4 ans. Allure frêle, visage toujours souriant, il ne reflète pas forcément la maturité de ses œuvres. Sa passion pour le 8e art lui vaut aujourd’hui des demandes de collaboration avec les artistes les plus côtés du Burkina. Floby, Dez Altino, Fush Alpha, Kayawoto font appel au génie du jeune homme. Iron Biby, champion du monde de « log lift » et des entreprises de la place sollicitent également son savoir-faire.
« J’ai commencé avec les shootings studio, après je faisais des photos de scène, de concert. Actuellement je me spécialise sur les photos de mariage», explique le jeune artiste désigné meilleur photographe en 2019, lors d’une cérémonie locale récompensant les meilleurs acteurs culturels de l’année. Plus généralement chaque année, le 19 août est consacré journée mondiale de la photographie.
Selon Siaka Sawadogo, cette journée permet de valoriser le métier, car remarque-t-il, la photographie n’est pas assez valorisée au Burkina Faso. « On se sent fier qu’il y ait une journée qui nous est dédiée », se réjouit-il. « Je suis d’abord étonné qu’il y ait une journée consacrée à la photographie. C’est un métier auquel on n’accordait pas beaucoup d’importance surtout au Burkina », regrette pour sa part Euloge Zoungrana.
La vingtaine, il a quitté les bancs de l’université à sa troisième année pour suivre sa passion : la photographie. Les parents n’ont pas été d’accord au début, se remémore-t-il, mais avec le temps, et voyant l’implication du jeune, ils se sont résolu à l’accompagner dans son choix. Depuis, l’artiste arrive à tirer ses marrons du feu. Il a créé sa petite entreprise spécialisée dans les photos de mariage et travaille avec cinq autres jeunes.
« Je vois des jeunes talentueux »
Ce regain d’intérêt pour la profession, porté par les jeunes, est bien vu par les aînés. Photojournaliste dans un quotidien de la place, Aristide Ouédraogo estime que la photographie a de beaux jours devant elle. Mais, il souhaite une spécialisation des jeunes.
« Quand je vois l’engouement, je sens qu’il nous manque des astuces pour les recadrer. Avec la petite connaissance, il faut continuer à comprendre et développer. Nous avons besoin d’eux pour compétir à l’international. Je vois des jeunes talentueux dans la nouvelle génération », commente-t-il, tout en ajoutant que quand l’on est généraliste, l’on n’explore pas la plénitude de son talent.
Enseignant de photo dans une école de journalisme, Aristide Ouédraogo encourage les jeunes à aller vers la perfection, à se recycler permanemment. Ce conseil, Euloge Zoungrana semble l’avoir entendu. « Je continue de suivre des cours en ligne, pour être plus performant. C’est un milieu qui va très vite. Aujourd’hui, on reçoit des félicitations, on est bien connus ; mais on sait que demain, quelqu’un d’autre pourrait venir et être puissant, et les gens vont nous oublier. C’est donc mieux qu’on essaie de nous améliorer. C’est un métier dynamique, il faut donc chaque fois innover », se convainc le jeune patron.