Une embuscade tendue par des groupes armés a ciblé une unité militaire le 17 février 2023 sur l’axe Oursi-Déou, dans la région du Sahel. Le bilan, selon l’Etat-major général des Armées, 51 morts du côté des Forces de Défenses et de Sécurité du Burkina Faso alors que 160 radicaux armés ont été neutralisés. C’est la première grosse perte depuis l’avènement du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR).
Le constat du journaliste et écrivain, Atiana Serge Oulon est sans équivoque : « Globalement la situation sécuritaire du pays est toujours critique. La spirale continue. Les nouvelles ne sont toujours pas bonnes ». Il ajoute que les statistiques sont toujours en hausse en termes de déplacés internes, d’écoles fermées… Ce qui l’amène à dire que « l’attaque de Déou du 17 février, au-delà du MPSR, rentre dans les records de bilans macabres depuis les premières attaques terroristes au Burkina Faso ».
L’interprète de conférence et Traducteur agréé, Traoré Ibraime, semble ne pas partager cet avis. A l’en croire, «l’attaque de Déou ne signifie pas un recul dans la lutte contre le terrorisme. Même sans cette attaque, l’on convient qu’il n’y a pas d’insécurité zéro au Burkina Faso. Nous sommes en guerre. Même si l’on gagne du terrain et des villages ont été récupérés, l’ennemi ne se laisse pas faire par endroit. Il tente de poser des actions d’éclat dans sa débandade ».
Plus d’équipements pour l’Armée
Il estime qu’il faut plus d’équipements et qu’il faut aussi désinfecter l’armée. En plus, il interprète autrement l’attaque dite de Déou : « Il faut se rendre à l’évidence que lorsqu’on demande à l’ancienne Métropole de partir, il faut qu’elle justifie qu’elle doit être là. Il fallait s’y attendre. Pour moi des mesures devraient être prises pour éviter cela. Dans une guerre, la stratégie s’améliore au fur et à mesure ».
Atiana Serge Oulon, auteur de l’œuvre « Comprendre les attaques armées au Burkina Faso: Profils et itinéraires des terroristes», trouve aussi que « c’est une situation qui rappelle que l’on n’est jamais à l’abri du pire. Et lorsqu’on se dit qu’on a vécu pire, ces données viennent rappeler qu’il existe des choses davantage pires qui peuvent se passer».
A la recherche de la bonne formule
Selon lui, le Burkina Faso cherche toujours la bonne formule pour sortir de cette situation. « On n’a pas une bonne compréhension de l’Etat. On a l’impression que quand quelqu’un arrive au sommet de l’Etat, il met de côté ce qui était déjà prévu, il crée de nouvelles structures et de nouvelles mesures… le temps que tout cela prenne, il y a un flottement, ce qui conduit à une situation où l’on est fragilisé », déplore-t-il.
Atiana Serge Oulon termine en affirmant: « Certainement que les partisans de coups d’Etat se rendent compte que la solution ne passe pas forcément par les putschs. Puisque nous sommes à notre deuxième coup d’Etat, or la situation ne s’améliore pas. Il faut dire que nous sommes dans une situation dramatique et très inquiétante pour l’avenir ».
Le président Ibrahim Traoré arrivé au pouvoir le 30 septembre 2022 après avoir renversé un Paul Henri Damiba, connaît ainsi l’une des attaques les plus meurtrières enregistrées par l’armée.
Boureima Dembélé