A Ouagadougou, les riverains des quartiers comme Dapoya, Sondogo ou Karpala se plaignent vainement de la présence des professionnelles du sexe dans leurs lieux d’habitation. Ils estiment que cela terni l’image de leurs quartiers, hypothèque l’éducation de leurs enfants, au point que les filles qui y habitent ont du mal à trouver des maris.
Au quartier Dapoya de Ouagadougou, le nombre de maison closes est passé du simple au triple en dix ans selon Abdoul, nom d’emprunt. Le jeune homme habite entre plusieurs de ces maisons qui abritent des professionnelles du sexe. C’est avec impuissance qu’il assiste à la dégradation continue de l’image de son quartier. « Quand je sors le matin et je reviens le soir je vois les prostitués ça me fait mal. Ça ne nous plait pas du tout on n’est pas content de ça. Moi je suis un jeune de Dapoya, je ne peux pas inviter un responsable ici », fulmine-t-il.
Selon lui, les différentes luttes engagées par les jeunes et les femmes du quartier pour mettre fin au phénomène n’ont pas porté fruit. Par dépit, certains jeunes ont fini par intégrer la chaine de la prostitution. « Il y a des jeunes de Dapoya qui ont mis leurs cours en location aux bailleurs des femmes, ceux qui font venir les prostituées du Ghana, le Nigéria et autres … », explique-t-il. Mais il ne compte pas pour autant abandonner. Abdoul compte déposer une plainte à la gendarmerie, même s’il semble connaitre déjà la suite. « Ça ne va pas aboutir parce que c’est des gens qui ont des bras longs aussi », présage-t-il.
« Nos enfants peuvent devenir des prostituées »
Ailleurs à Sondogo, un autre quartier de la capitale burkinabè, Amina (pseudo), observe son environnement de vie avec peur. Elle dit avoir peur pour l’éducation des enfants qui voient des prostituées défiler dans des tenues osées. « Elles ont des accoutrements bizarres et cela pourrait influencer le comportement de nos enfants. Les enfants peuvent devenir des prostituées malheureusement nous sommes impuissants vis-à-vis de ce phénomène », soupire la dame. Elle en appelle au secours des autorités.
Ce n’est pas par manque de volonté de lutter contre le phénomène, rétorque pour sa part, Issouf Kinda, 1er adjoint au maire de l’arrondissement numéro 2 de Ouagadougou. Il pointe du doigt le manque de moyen. « Nous ne sommes pas impuissants mais il faut que l’Etat nous donne les moyens pour que nous puissions agir sur le terrain. Sans les moyens nous ne pouvons rien faire. Nous dépendons de la mairie centrale », se défend le maire. En attendant, dans ces différents quartiers, des jeunes filles affirment éviter de sortir la nuit. Ceci, de peur d’être confondues à des prostituées, par le simple fait d’habiter avec des travailleuses de sexe.