A Ouagadougou, il n’y a pas que les vélos, les motos ou les véhicules pour se déplacer. Du barrage n°2 de la capitale, l’on peut passer d’un quartier à l’autre en pirogue. Un moyen de locomotion exotique et risqué en plein capitale.
Ouagadougou se réveille encore ce mardi avec une fine pluie. Sous un arbre aux abords du barrage n°2 de la capitale, à la hauteur du quartier Tanghin, deux jeunes sont assis sous un banc, d’autres sont arrêtés. Ils disent attendre la pirogue. Alba Kaboré est joaillier à Gnogsin, un quartier situé de l’autre côté de la rive du barrage. C’est en pirogue qu’il rallie son lieu de travail tous les jours. « C’est plus rapide. En moins de 30 minutes, je suis arrivé là-bas. Pourtant si on devrait marcher, je passerais pratiquement deux heures avant d’arriver. Depuis 5 à 6 ans c’est mon moyen de déplacement », explique le jeune homme.
Comme lui, Edmond Dipama attend la pirogue. Commerçant au grand marché (Rood-wooko), il dit économiser en temps et en argent en empruntant la pirogue. « Quand j’arrive le matin, en 15 minutes, je suis à Gnogssin et de là, je rallie rapidement le marché. Pourtant j’allais passer plus de temps si je devrais marcher et c’est fatiguant », précise le passager en attente. La course en pirogue coûte 100 F CFA. Harouna Ouédraogo est le responsable des passeurs. Ancien pêcheur, l’homme avoue s’être reconverti après la rareté du poisson dans le barrage. « Je suis dans cette activité depuis les années 2000 », dit-il.
« Nous transportons souvent plus de 500 personnes par jour »
Par jour, et en fonction de la période, Harouna Ouédraogo et ses collaborateurs transportent des centaines de personnes. « Quand il pleut beaucoup, il n’y a pas beaucoup de clients, là, nous transportons plus de 100 personnes. Mais quand la pluie n’est plus régulière, ce sont environ 500 personnes que nous transportons », ajoute le responsable. Des jardiniers, des commerçants ou des talibés constituent l’essentiel de la clientèle. « Par exemple ce sont des talibés qui viennent de partir. Ceux qui sont assis là sont des commerçants », note Harouna Ouédraogo en indexant la pirogue qui glisse paisiblement sur les eaux ; avec des passagers qui discutent avec une tranquillité à étonner les non habitués.
Traverser le barrage en pirogue. Une option non sans risque que déclineraient certains. Surtout sans gilet de sauvetage. Mais pour les habitués, les traversées se sont toujours déroulées sans encombre. « Je n’ai pas peur, c’est juste une question d’habitude », rassure Alba Kaboré, avant d’ajoutant en souriant, « Je sais nager ». Depuis 20 ans qu’il pratique le métier de passeur, Harouna Ouédraogo dit n’avoir jamais enregistré d’incidents malheureux. « Dieu merci, nous n’avons pas encore eu de problèmes parce que la pirogue a chaviré. On n’a jamais eu de perte en vie humaine dans cette activité », insiste-t-il.
En attendant d’avoir les moyens pour s’acheter des moyens de locomotion plus commodes, les clients se succèdent toute la journée dans les trois pirogues taxi de Harouna Ouédraogo.