L’écrivain et cinéaste, Ousmane Sembène, garde sa place dans le cœur des acteurs du cinéma africain, même après sa mort en 2007. Ils le disent et l’expriment de diverses manières. Le 26 février par exemple, un buste du natif de Ziguinchor a été dévoilé au public devant le bâtiment administratif au siège du FESPACO.
Sembène Ousmane est d’abord connu comme un écrivain, un romancier, découvert au collège ou au lycée, grâce à ses romans inscrits dans les programmes scolaires. Plus tard, l’on découvre son talent de cinéaste. En effet, à côté de la dizaine d’ouvrages publiés, trottent 4 courts-métrages et 9 longs-métrages réalisé par l’un des pionniers du FESPACO.
Avec François Bassolet, Alimata Salambéré, Timité Bassouri, Oumarou Ganda, Sembène Ousmane est de ceux qui ont jeté les jalons de cette grand-messe du cinéma africain. Le critique de cinéma et écrivain, Pr Maguèye Kassé, dans un témoignage dit avoir « le sentiment qu’on ne met pas suffisamment l’accent sur ce qui a provoqué chez lui(Ndlr. Sembène Ousmane ) le besoin de se servir du cinéma, en dehors de la littérature, pour porter un message très fort par rapport à la situation que vivent les pays africains ».
Un réalisateur rigoureux
L’acteur et comédien de cinéma burkinabè, Gustave Sorgho, qui a tourné des dans des films du réalisateur Ousmane Sembène, se rappelle d’un homme « très rigoureux» qui ne lésinait pas sur aucun moyen pour arriver à ses fins. « Quand il voit que tu peux faire mieux, il va te tirer ça des trips. Il ne passe pas par quatre chemins, au point que tu te demandes « mais qu’est-ce qu’il me veut ce vieux ? », explique Gustave Sorgho.
Pour l’artiste burkinabè, l’auteur de l’œuvre « Les Bouts de bois de Dieu» était un travailleur infatigable avec un sens pointilleux des choses qui pensait qu’il fallait travailler sans cesse et attendre la mort pour se reposer».
Présent à Ouagadougou dans le cadre du 28e FESPACO, le fils aîné du réalisateur, Alain Sembène a confié qu’il ne s’explique pas comment son père (Ousmane) (…) arrivait à capter l’âme d’un peuple » à travers ses réalisations.
Défenseur du cinéma africain et du FESPACO
Pour son rôle dans le positionnement du FESPACO, et pour la place qu’il a occupée parmi les cinéastes africains, Sembène Ousmane avait une salle de conférence à l’Hôtel Indépendance en son nom(ce lieu a été saccagé en fin octobre 2014, lors de l’Insurrection populaire ayant chassé Blaise Compaoré du pouvoir ».
La rue 15 – 862 sise au secteur n°15 de Ouagadougou, longue de 2300 mètres a été baptisée au nom du réalisateur qui figure dans les colonnes de l’Etalon de Yennenga à la place des cinéastes. Aussi, en plus de sa statue sur l’avenue jouxtant la Place des cinéastes et longeant la mairie en plein centre de la ville de Ouagadougou, celui qui a participé à toutes les éditions du FESPACO depuis la naissance de la Semaine du cinéma africain en 1969, sans prendre part à la compétition. Il préférait ainsi laisser la place à d’autres cinéastes.
Le natif de Ziguinchor a désormais son buste installé à l’entrée du bâtiment central du siège du Fespaco. Selon le secrétaire général de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), Cheick Omar Sissoko, « Cela va rappeler à tout le monde qui a été à l’origine de la création du FESPACO avec Madame Salambéré». Surnommé affectueusement l’ainé des anciens, Sembène Ousmane est mort à Dakar en 2007. Il aurait eu 100 ans en 2023.