Si l’Etalon d’or de Yennenga se décernait en fonction du nombre de cinéphiles à la projection, Sira de Apolline Traoré serait drapé d’or. C’est une salle comble de cinéphile qui a servi de cadre à la première projection de ce film, le 28 février 2023, au ciné Neerwaya.
Ouagadougou est la capitale du cinéma, mais c’est visiblement la salle de ciné Neerwaya qui a été le nombril du FESPACO, dans la soirée du 28 février, à l’occasion de la première projection du film Sira de Apolline Traoré. Que de monde ! L’un des responsables de la gestion de la salle de ciné, Stanislas Ouédraogo, nous confie que « l’équipe du jour a vendu près de 700 tickets, la salle contient 800 personnes ; il y’a les officiels et il y a la réalisatrice qui vient avec près de 50 personnes ».
Impossible d’accéder à la salle sans bousculade. Les longues files laissaient présager de l’ambiance dans la salle. Salle comble, pleine comme un œuf. Toutes les places assises étaient occupées et même les allées ont été investies par les cinéphiles. C’est dans cette ambiance que la salle a été plongée dans le noir pour le début du film.
Le film met en action, une jeune fille Sira qui, avec sa famille, traversant le désert pour rejoindre le village de son fiancé, sont victimes d’une attaque d’un groupe armé. Tous les hommes sont abattus et Sira est enlevée pour avoir tenu tête au chef du groupe armé, Yéré. Elle sera victime de viol avant d’être abandonnée dans le désert. Les cinéphiles sont passés, en 100 minutes environ, par plusieurs émotions, tenu par l’intrigue qui conduit Sira dans les péripéties d’abord de la grossesse de son violeur et ensuite de volonté de déjouer les plans des terroristes.
Hommage et espoir
Pour la réalisatrice, Apolline Traoré, son film Sira a le double objectif de rendre hommage aux Forces de défense et de sécurité(FDS), et de passer un message d’espoir. L’actrice principale, Nafissatou Cissé, qui en était à son baptême de feu, estime que jouer ce rôle est une façon de contribuer à la lutte contre le terrorisme, se disant « fière » même si, a-t-elle confié, « la tâche n’a pas été facile ».
Pour la cinéphile Maï qui n’a pas souhaité se présenter davantage: « C’est la réalité de ce que nous vivons actuellement avec le terrorisme, c’est ça qu’on a vu en live et nous pensons que nous allons vaincre. Ce mal sera du passé pour bientôt et nous avons confiance au seigneur. Il y a beaucoup de gens qui ont été par exemple étonnés de voir certaines scènes pourtant c’est des trucs qu’on vit depuis près de 8ans dans ce pays-là. Et ceux qui sont dans les capitales ne sont même pas au courant que ça existe donc il faut répéter ce genre d’action là. C’est ça qui va amener tout le monde à unir les efforts vers un seul objectif, finir avec ça la et que le Burkina Faso retrouve sa paix ».
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En compétition dans la catégorie long métrage fiction, le seul film burkinabè en compétition pour l’Etalon d’or a été tourné en Mauritanie, les acteurs s’expriment en anglais, français, Fulfuldé et mooré. Sira est une co-production de Les Films Selmon -Burkina Faso), Auracania Films (France) et Sarama Films (Mali). Sira, le cinquième long métrage de Apolline Traoré a déjà remporté le prix du public à la 73e édition du festival international du film de Berlin. Ce festival est avec Cannes, l’un des plus grands festivals européens.
Boureima Dembélé