Le thème de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO) est « Cinémas d’Afrique et culture de la paix ». Ce thème est en adéquation avec le contexte sécuritaire délétère qui prévaut Burkina Faso. Cette thématique a inspiré plusieurs réalisateurs.
Pour son premier long-métrage, Seydou Boundaouné a sorti le « Sermon des prophètes », une fiction inscrite en compétition section Burkina à la 28e édition du FESPACO. Dans ce film Zakaria, interprété par Tako Abdoulaye Nombré, jeune garçon brillant est obligé de se réfugier en ville avec sa mère (Isabelle Zombré) après l’attaque de son village. Dans sa galère, il est confié à Cheick Djamal, un cinquantenaire se fait passer pour un homme honnête. C’est la face qu’il présente aux autres.
A travers ce film, Seydou Boundaouné explique l’embrigadement des jeunes vulnérables, à la recherche d’un mieux-être. Tant que les besoins primaires des jeunes, la majorité du Burkina Faso, ne sont pas satisfaits, ils seront des proies faciles pour ces groupes armés, du point de vue du réalisateur. Car, l’enrôlement des jeunes dans les groupes armés ne se fait pas forcément de façon violente. Le sermon des prophètes », film dramatique d’un 1h27 minutes dénonce aussi la stigmatisation des communautés.
Les femmes victimes et héroïnes
Au Burkina Faso, les attaques terroristes qui remontent à 2016 ont fait de nombreuses personnes déplacées parmi lesquelles, des femmes. Elles sont au nombre de 992 349 contre 890 042 pour les personnes de sexe masculin selon le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) au mois de janvier 2023. Déjà vulnérables, les femmes sont l’objet d’abus dans les camps de déplacés.
Le réalisateur Boubacar Diallo, dans une fiction dramatique, « Les Epines du sahel », dénonce les maltraitances dont elles sont victimes. Dans le film, il attire l’attention sur ces femmes obligées, souvent d’échanger des faveurs sexuels contre de la nourriture. S’il est difficile d’identifier les raisons du conflit que vit le Burkina Faso, Boubacar Diallo recommande, dans son film, des solutions endogènes comme la parenté à plaisanterie. Même si, comme l’affirme un acteur du film : « dommage que les terroristes ne partagent pas ça ».
Quant à Apolline Traoré dans Sira, elle évoque la résilience des femmes dans la lutte contre les groupes armés. Selon elle, les femmes semblent avoir un rôle passif dans la lutte contre le terrorisme alors qu’elle joue un rôle important. Toutefois, ce film ne nie pas les abus dont sont victimes les femmes dans ce contexte fragile.
Les autres victimes
Si les groupes armés arrivent à semer la terreur, c’est aussi parce qu’ils ont des complices. Floriane Zoundi le dénonce à travers son court métrage Le Botaniste. Ce film évoque l’histoire d’un jeune botaniste de 32 ans à la carrière exemplaire. Ce jeune qui vit à l’écart depuis la mort de ses parents dans un attentat terroriste est pris en otage par des terroristes.
Il planifie de les neutraliser grâce à sa connaissance des plantes. A travers ce film, Floriane Zoundi prouve que les populations locales ne sont pas les seules cibles des terroristes. Les travailleurs installés dans ces zones, le personnel soignant en premier, sont aussi des cibles. Au Burkina Faso, le personnel soignant a, à plusieurs reprises, été enlevé dans certaines villes du Burkina Faso. Parmi ces films, seul Sira est dans la compétition officielle.
Boukari OUEDRAOGO