13 morts et plus de 71 000 sinistrées. C’est la conséquence des pluies diluviennes qui ont causé des inondations à Ouagadougou et dans les autres régions du Burkina Faso. Les invités de Ya’Débat se rejettent la responsabilité de ces drames à répétition.
L’autorité locale a-t-elle une part de responsabilité dans les inondations enregistrées au Burkina ? Le conseiller technique spécial du maire de la ville de Ouagadougou, Valentin Bayiri, coupe la poire en deux. Pour lui, la réponse est « Oui et non ». Il note que la capitale, Ouagadougou, s’accroît de manière exponentielle avec 200 000 nouveaux habitants chaque an. « Cela a un impact sur l’aménagement parce que ceux qui arrivent veulent un toit pour dormir. Il ne faut pas attenter à sa vie parce qu’on veut résider à Ouaga. Construire une maison en matériaux précaire sans la consolider, en saison hivernage, quelques année après, la maison ne peut pas tenir », soutient-il.
Par contre, il reconnait que le niveau des équipements de la commune « n’est pas au rendez-vous des attentes » et que l’autorité a péché dans l’aménagement du territoire communal. « Je ne suis pas d’accord avec cette réponse, oui et non », lui rétorque Pama Nébié, secrétaire général de la Coalition des associations pour la défense du droit au logement selon qui, c’est l’autorité qui a en charge l’aménagement de la ville et non les populations. En plus, il accuse l’autorité de manquer d’anticipation. « Cette année à partir du mois de juin, la météo a annoncé de fortes précipitations. L’autorité est au courant. Quelles mesures ont été prises pour éviter la catastrophe ? », se demande Pama Nebié qui conclue que le maire et ses collaborateurs ont fait la sourde oreille.
« Ce n’est pas la sourde oreille. On a curé les caniveaux. La mairie n’attend pas les pluies pour annoncer les couleurs. (…) Il y a une brigade de jeunes volontaires qui se charge quotidiennement de cette activité pour permettre l’écoulement des eaux », répond le conseiller du maire, Valentin Bayiri.
Pour Djerma Pierre Kaba, résident d’une zone non lotie, la responsabilité des inondations est certes partagée, mais à des degrés divers. Selon cet habitant, c’est l’autorité qui laisse la ville s’étendre à l’infinie sans se donner les moyens de construire des infrastructures de drainage des eaux. « La responsabilité de l’autorité est encore plus grande, c’est à elle de circonscrire les limites de la ville. Après les inondations de 2009, la ville a continué à s’étaler alors qu’il n’y a pas eu d’infrastructures conséquentes », se défend-t-il.
« Il faut revoir la politique du logement »
Les invités de Ya’Débat s’accordent sur un point. « Il faut revoir la politique du logement », clame Pama Nébié. Valentin Bayiri est d’accord avec lui, surtout que, explique-t-il, en 2035, Ouagadougou comptera 11 millions d’habitants à l’intérieur et 12 millions aux alentours, pour une superficie d’environ 600 km2. En attendant, les populations devront faire preuve de civisme, propose le secrétaire général de la Coalition des associations pour la défense du droit au logement. « Je ne suis pas d’accord qu’un citoyen vide sa poubelle dans une rue ou un caniveau », insiste-t-il.
L’émission Ya’ Débat est diffusée tous les samedis à partir de 10 heures sur l’ensemble des radios partenaires