Dans un parti politique, il faut débourser la somme de 200 000 F CFA pour espérer figurer sur la liste des candidats aux élections législatives. Une condition qui exclut des jeunes et des femmes, malgré leur bonne volonté. A quelques heures du délai de dépôt des listes à la CENI, les tractations se poursuivent dans certains états majors de partis politiques.
Cheick Aboubacar Sawadogo, 25 ans est candidat aux élections législatives de 2020. Au siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ce mardi 22 septembre, il a entre les mains, un lot de dossiers. Son casier judiciaire, son acte de naissance, la copie de sa carte d’identité, la carte d’électeur, une fiche de candidature. « Il faut bien lire avant de remplir la fiche », lui lance Harouna Savadogo, président d’un regroupement d’indépendant. Jeune étudiant en droit, Cheick a été copté par ce regroupement qui a vu le jour en août dernier. Le nez plongé dans son dossier, le jeune candidat a du mal à exprimer ses motivations à se présenter à l’élection législative.
Si Cheick a pu se porter candidat aux prochaines élections législatives, ce ne sera pas le cas pour plusieurs jeunes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). La raison, l’ancien parti au pouvoir exige la somme de 200 000F FCA à chaque militant qui souhaite figurer sur la liste des législatives comme titulaire ou suppléant, fait savoir Catherine Ouédraogo, responsable des femmes du parti. « C’est beaucoup d’argent », explique-t-elle, tout en notant que plusieurs jeunes et femmes ont été obligés de se raviser, à cause de cette condition pécuniaire. « On demande aux femmes et aux jeunes de faire la politique alors qu’ils peuvent manquer de moyens financiers. La politique, c’est vrai, ce sont des idées, des arguments, mais elle s’accompagne de moyens financiers », dit-elle, d’un ton triste.
« Nous sommes véritablement sous pression. Nous cherchons toujours (NDLR, 12h ce 22 septembre) des candidatures de jeunes pour les législatives », indique pour sa part Yéli Kam, présidente du Mouvement pour la renaissance du Burkina (MRB), visiblement angoissée. « Nous avons lancé des appels pour les candidatures de jeunes dans presque toutes les provinces. Certains préparaient leurs dossiers, mais la CENI a revu la date de dépôt des dossiers », explique Yéli Kam.
A l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) également, les jeunes ne seront pas bien représenté sur les listes des législatives prévient le député Alidou Sanfo. « Ils ont pourtant mis la pression pour être bien positionnés sur les listes mais nous avons été confrontés à d’énormes difficultés liées aux documents administratifs», explique le directeur national de campagne du parti.
Aziz Dabo, porte-parole de la Nouvelle alliance du Faso(NAFA) a lui décidé de se retirer simplement de la course. Pour lui, pas question de s’engager à la conquête d’un siège à l’assemblée nationale s’il n’est pas tête de liste des candidats du parti de Djibril Bassolé. « Les propositions qui m’ont été faites vont à l’encontre de mes principes », clame le jeune homme
Les élections législatives sont prévues pour se tenir le 22 novembre 2020 au Burkina Faso, de même que l’élection présidentielle.