<strong>Portrait : Sandrine, la jeune samo qui excelle dans la présentation du JT en mooré</strong>

Portrait : Sandrine, la jeune samo qui excelle dans la présentation du JT en mooré

De l’ethnie Samo, Sandrine Zougouri, jeune journaliste à la télévision privée BF1 s’illustre par ses performances de présentatrice du journal en mooré. En plus de cela, l’ancienne athlète est également journaliste sportif dans un milieu dominé pourtant par les hommes.

La trentaine révolue. Taille élancée. Teint clair. L’air toujours pressée mais toujours les gestes pleins de tendresse. C’est ainsi que l’on peut déjà décrire Sandrine Zougouri, journaliste à la télévision privée BF1. Elle est l’une des présentatrices du journal mooré Kibay Wakato sur cette télévision.

Présentation de Sandrine Zougouri du 9 mars 2023

Le 9 mars 2023, elle est à la présentation de ce journal. Habillée en pagne, avec calme, elle débute sa présentation par un proverbe bien connu. « Une seule main ne ramasse pas la farine ». Sa marque de fabrique. Pourtant, la jeune fille de l’ethnie Samo, l’une de la soixantaine d’ethnies du Burkina Faso, ne se voyait destinée à présenter le journal dans la langue mooré bien que passionnée de journalisme.

« J’avais le trac»

Sa première présentation a été assez particulière. Elle s’en souvient comme si c’était hier : « Je transpirais parce que j’avais vraiment peur, franchement je tremblais. J’avais du sucre dans mon sac j’ai enlevé sucer (rire…) mais malgré cette astuce ah !!! J’avais toujours le trac. Je suis restée dans la salle à faire des va-et-vient et quand vient l’heure de la présentation je suis montée sur le plateau. Quand ils ont mis le jingle Ah là! Le cœur a commencé à battre encore ; j’ai commencé à donner les titres et j’ai salué après les titres j’ai commencé à présenter le journal. A la fin pour me lever c’était compliqué. Je suis restée un peu sur le plateau 1 à 2 mn pour reprendre mon calme et puis me lever ».

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A l’aise en mooré, Sandrine Zougouri est approchée par les responsables de la télévision BF1 pour présenter le journal dans la langue locale la plus parlée au Burkina Faso. Elle est convaincue par certains responsables comme Aubin Guébré, le rédacteur en chef de la télévision BF1. « On s’est vite rendus compte de son niveau de langue en mooré bien qu’elle soit samo et puis à un moment donné on avait besoin d’un présentateur mooré et tout de suite on a pensé à elle », raconte Aubin. Un test et la jeune fille convainc : « Elle a donc fait quelques essaies pilotes qu’on a regardés et ensemble avec la figure du mooré de la rédaction, on a trouvé que son niveau de langue est intéressant. Mais derrière on pensait à ce côté parenté à plaisanterie», souligne avec malice Aubin Guébré.

S’améliorer à tout prix

Une fois la confiance de la rédaction acquise, Sandrine Zougouri entreprend de s’améliorer. Quand elle est de présentation, Sandrine Zougouri ne cesse de harceler Eric Soudré, son ainé et collègue plus expérimenté qu’elle prend pour modèle. « Quand elle est de semaine, elle passe tout le temps à m’appeler. Tel concept comment on traduit, telle expression comment on traduit ? Par moment même elle tente de me ravir la vedette hein! Il y a des moments quand tu la vois parler, l’usage des expressions, des proverbes, tu sens que ça travaille en bas », témoigne Soudré fier de sa filleule.

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En plus, Sandrine est réceptive aux critiques selon Madina Siénou, une de ses collègues : « Quelques fois qu’on lui fait des remarques sur tel mot ou une phrase qui n’a pas été bien dite et elle tient compte des remarques et à chaque fois elle s’améliore comme elle peut ».

Mais aussi, une journaliste sportive

En plus d’être une présentatrice en mooré, Sandrine Zougouri est aussi reconnue comme journaliste sportive. Dans le domaine, Sandrine fait partie des exceptions. Les filles qui s’intéressent au sport sont peu nombreuses, notamment du fait qu’il faut être sur le terrain, le week-end notamment. Luc Paglebelgem est journaliste sportif et collègue de Sandrine Zougouri à la télévision BF1.

Lui également salue la détermination de sa collègue : « On a du mal à faire une différence entre la femme journaliste et l’homme journaliste. C’est une fonceuse qui est toujours prête à tout pour obtenir ce qu’elle veut. On peut même ne pas percevoir que c’est une femme sur le terrain ».

Ce choix du métier de journaliste sportive n’est pas le fruit du hasard. Sandrine a pratiqué, bien avant, l’athlétisme et le handball. Elle est même membre du bureau de l’Association des journalistes sportifs du Burkina Faso (AJSB) comme chargée des œuvres sociales.

Safiatou Zong-Naba

Collaboratrice