L’unique femme candidate à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020 au Burkina Faso a décidé de mettre de côté son statut de chef d’entreprise pour briguer la magistrature suprême. Monique Yéli Kam compte apporter son expérience d’entrepreneur pour reformer le système éducatif.
Il ne faut pas se fier à son apparence calme et réservée. Monique Yéli Kam, 47 ans, mère de cinq enfants, candidate à l’élection présidentielle au Burkina Faso, semble transfigurer. Derrière son air timide, se cache une boule d’énergie qui parle avec conviction et assurance de son engagement en politique. Sa détermination, Monique Yéli Kam, fondatrice du Mouvement pour la renaissance du Burkina (MRB), dit la tirée d’une enfance difficile.-
« Je suis né d’un père ouvrier et d’une mère ménagère. Je suis l’ainée d’une famille de huit enfants. Les conditions de la famille m’ont forgé un caractère parce que j’ai vécu dans un milieu où au quotidien, il y avait à relever des défis pour l’existence. J’ai appris à dès bas âge à me battre et à m’assumer complètement », assure celle qui aujourd’hui gère sa propre entreprise de courtage. Son mari, Appolin Aimé Ngankam Penté, producteur médias et candidat aux législatives confirme : « Elle est combative et ne recule pas devant l’adversité. C’est un pur produit de Thomas Sankara. Elle a du Sankara dans son sang, dans son âme ».
En finir avec « l’école coloniale »
Monique Yéli Kam a fait de son cheval de bataille la réforme du système éducatif d’où son surnom de « Yennenga de l’éducation ». Elle juge cette réforme nécessaire car selon elle, « l’école coloniale » est destinée à former des fonctionnaires. « Nous poussons les jeunes à entreprendre alors qu’ils n’ont jamais appris à l’école à créer de la richesse », affirme indignée, l’ancienne étudiante de l’Institut burkinabè des arts et métiers (IBAM).
« Nous nous sommes inspirés de Yennenga dans le domaine de l’éducation pour dire qu’une femme est capable d’avoir de la vision, d’avoir une bonne conscience et d’apporter sa pierre à l’édification de la nation », explique-t-elle l’air toujours déterminée.
Son entrée en politique ne vise pas à s’enrichir, car, dit-elle elle-même, « je gagne bien ma vie ».
Ancienne militante du CDP
Face au défi de la réconciliation et de la lutte contre le terrorisme, Monique Yéli Kam, titulaire d’un master en option stratégique et marketing, propose la mise en place d’une chambre des sages de 100 personnes constituée de leaders religieux sur le principe d’une justice transitionnelle « pour apaiser les cœurs ». Bien que peu connue dans la sphère politique burkinabè, celle qui se décrit comme « audacieuse » n’est pas pour autant une novice. Yéli Kam a auparavant milité au sein du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). « Je voulais me former, comprendre davantage. C’est pourquoi j’ai pris une carte du parti (ndlr CDP). Je suis restée militante. Entre temps, j’ai essayé de me faire positionner sur la liste (électorale) mais je n’ai pas été retenue », raconte-t-elle sans aucun signe de regret.
Se considérant suffisamment aguerries, elle n’est pas effrayée par les 13 autres candidats, tous des hommes : « Je ne vois pas devant moi des hommes. Je vois devant moi des candidats qui ont une offre politique. Moi aussi, je suis une candidate avec une offre politique. Je suis convaincu que mon projet de société est le meilleure ». Monique Yéli Kam se dit armée pour devenir la première femme présidente du Burkina Faso.