Marcher des jours, des semaines durant. Sous le soleil, dans la chaleur et autres intempéries. C’est ce que 13 personnes ont fait entre Ouaga et Bamako. En parcourant 862 km à pied, ces marcheurs de différentes nationalités disent vouloir encourager l’idée de fédéralisme entre le Mali et le Burkina. Nous les avons rencontrés alors qu’ils étaient à quelques kilomètres de leur destination, Ouagadougou. L’équipe de reportage de Studio Yafa n’a pas pu vérifier si les 862 km ont effectivement été parcourus à pied.
Le drapeau du Burkina est brandi à côté de celui du Mali. Un troisième drapeau flotte en arrière, une sorte de fusion des deux premiers. A la queue leu leu, une dizaine de marcheurs se suivent. Les visages visiblement fatigués, les crampons des chaussures presque totalement léchés par le bitume. Une voix retentit de temps en temps et engloutit le bruit des pas. Ce sont des chants à la gloire des présidents Ibrahim Traoré du Burkina et Assimi Goïta du Mali.
Abdou Thiam est étudiant à l’université Cheick Anta Diop de Dakar. Inscrit en master 1, il est marcheur. « On a quitté Bamako, au niveau de l’ambassade du Burkina le 27 février. Aujourd’hui, nous sommes à notre 20e journée de marche. On a avait prévu de marcher 20 jours mais nous avons eu un imprévu sur la route. Donc nous allons faire 21 jours de marche », explique le jeune marcheur.
Lire aussi: Wagner au Mali, des jeunes burkinabè applaudissent
Il précise que ce n’est pas la première fois que cette initiative est mise en action par des jeunes qui disent porter les idéaux du panafricanisme. « Chaque année, on marche 154 km pour honorer le docteur Cheick Anta Diop. L’année dernière, après la marche, vu que la CEDEAO avait pris des décisions d’embargo et de fermeture des frontières avec le peuple frère du Mali, on avait décidé de marcher de Dakar à Bamako pour soutenir le peuple frère du Mali. Cette année-ci, vu qu’un projet de fédération entre le Mali, le Burkina et la Guinée est en cours, on a décidé de marcher de Bamako jusqu’à Ouagadougou pour soutenir ce projet », ajoute-t-il, tout en marchant.
Un pas de plus pour le fédéralisme
Ces marcheurs sont convaincus que les pas qu’ils font sont un soutien inestimable vers la réalisation de l’union africaine, un projet qui tenait à cœur des personnalités africaines auxquelles ils disent s’identifier : Cheick Anta Diop, Kwamé N’Krumah, Patrice Lumumba, Thomas Sankara.
En marchant à travers les villes, villages, les marcheurs disent porter un message. La nécessité de l’union. Ils considèrent donc ces centaines de km parcourus comme leur part de contribution et de sacrifice pour la concrétisation de ce vœu qui traverse les générations. « Il y a beaucoup de gens qui ont donné leurs vies pour l’Afrique. Donc nous en tant que jeunes, on doit se sacrifier pour ce continent mais aussi on doit se sacrifier pour l’idée de fédération entre nos pays frères », se convainc le jeune Thiam, délégué par les marcheurs pour répondre à nos questions.
Ils disent déjà être rassurés de la portée de leur message et de l’adhésion des populations des différentes contrées traversées. Abdou Thiam se réjouit donc et estime que lui et ses camarades ont déjà « réussi ». « En voyant les personnes, on sent que les gens épousent l’idée de la marche. C’était la chose la plus difficile pour nous et on l’a réussi donc hallamdoulaye », dit-il.
Et après ?
Marcher autant de km n’est pas une mince affaire. Absolument semble répondre en chœur les marcheurs. Mais Thiam s’empresse de dire qu’il y a un programme. « Chaque jour, on a un nombre de kilomètres bien défini à marcher. Chaque jour, on marche 35 à 40 km, maximum, 50 km. A chaque 15 km, on fait une pause petit déjeuner. Après 15 km encore, on fait une pause déjeuné. Le soir, on fait encore 15 km. Ça dépend de là où nous passons la nuit. Chaque jour, le programme est bien défini de sorte qu’on connait le nombre de km que nous devons parcourir. Et on voit les repos que nous devons faire », dit-il.
Lire aussi: Fermeture des frontières avec le Mali, des rêves bloqués à la gare
Une fois à Ouagadougou, les 13 marcheurs devraient être reçus par les autorités. Ils pourront alors transmettre leur message qui a traversé les plus de 800 km. « On va faire le plaidoyer afin que l’idée de la fédération soit réalisée avant notre retour dans nos maisons », promet Abdou Thiam qui nous apprend que parmi les marcheurs il y a plusieurs nationalités comme des Maliens, des Sénégalais, des Burkinabè, une Congolaise. « Mais nous ne préférons pas faire de différence étant donné que nous luttons pour la fédération donc on se considère comme des Africains nous tous », conclue-t-il.
Tiga Cheick Sawadogo