L’ex-Premier ministre de la transition au Burkina Faso, 55 ans, en exil au Canada sera candidat à la présidentielle du 22 novembre sous les couleurs du Mouvement patriotique pour le salut( MPS). Malgré l’éloignement lié à ses déboires judiciaires, ce militaire de carrière n’entend pas jouer les figurants. Sa gestion controversée de la transition pourrait jouer en sa défaveur selon ses adversaires.
Avant la publication de la liste définitive des candidats retenus pour la présidentielle du 22 novembre, de nombreux observateurs de la scène politique burkinabè n’y croyaient pas. A leurs yeux la candidature de l’ancien Premier ministre de transition était improbable en raison notamment de son statut d’exilé et surtout des risques de poursuite judiciaire à son encontre. Isaac Zida sera bel et bien sur la ligne de départ pour Kosyam.
Son dossier a été validé par le Conseil constitutionnel. Le Mouvement patriotique pour le salut qui a proposé sa candidature estimait déjà en mars 2020 lors d’une conférence de presse « qu’il remplissait bien les critères définis par le parti qui en font le meilleur étendard.» « Je réponds favorablement à votre volonté de me voir porter notre projet de société devant le peuple burkinabé», avait déclaré l’intéressé par visioconférence lors de son investiture le 25 septembre.
Isaac Zida dont le retour a été annoncé plusieurs fois par ses proches, sans être effectif vit au Canada depuis janvier 2016. Son absence sur le terrain lors de la campagne électorale ne devrait pas constituer un obstacle selon ses partisans. « Des candidats ont été en prison mais ils ont battu campagne et ils ont été au second tour », argumente Augustin Loada, président du Mouvement du patriotique pour le salut – MPS- en référence à Nabil Karoui candidat malheureux à la présidentielle d’octobre 2019 en Tunisie. « Nous sommes convaincus d’un Burkina meilleur avec le président Zida. Il a un programme de société qui prend en compte toutes les aspirations du peuple », poursuit la même source.
Zida a été radié des effectifs de l’armée pour « désertion en temps de paix » et « insubordination » par le président Roch Marc Christian Kaboré en février 2016, il pourrait être visé par une procédure devant un tribunal militaire. Isaac Zida s’était emparé du pouvoir le 1er novembre 2014 au lendemain de la chute de Blaise Compaoré.
Après de fortes pressions des partis politiques, de la société civile et de la communauté internationale, il avait cédé le pouvoir au bout de trois de semaines à Michel Kafando, un diplomate à la retraite qui l’avait aussitôt nommé Premier ministre dans un gouvernement de transition. L’ancien n°2 du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) sous Blaise Compaoré n’est pas tendre avec la gestion du pouvoir par le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Mauvaise gouvernance et insécurité grandissante sont selon lui les principales caractéristiques du mandat de Roch Kaboré. Le fervent chrétien évangélique qu’il est croit fermement être l’homme providentiel.