Babenda, Gonré, Zamné, Gnon… Ces mets locaux Burkinabè sont valorisés par Joséphine Bouda depuis 17 ans à Ouagadougou. « Mama Babenda », comme l’appellent affectueusement ses clients, traduit quotidiennement en réalité le slogan « consommons burkinabè ».
Adultes, jeunes, enfants…, la clientèle de « Maman Babenda » est très variée. Dès 10h, son restaurant ne désemplit pas. Son petit plat en main, Mariam est une habituée du restaurant. « La semaine ou je ne mange pas le babenda de Maman Babenda, je ne suis pas tranquille », dit-elle souriante. Elle et plusieurs autres clients attendent patiemment d’être servis.
Des échecs avant le succès
Maman Babenda débute avec la vente de légumes, il y a près de deux décennies. Elle tente ensuite les beignets, et se lance même dans la tontine. « J’ai eu une grosse perte qui m’a complètement ruinée », se rappelle-t-elle douloureusement.
Déçue et dépitée, Joséphine s’impose une pause de deux ans. Une amie lui conseille la vente des mets locaux. « Au début, je cuisinais en petite quantité et je me promenais avec une charrette pour vendre. Les clients adoraient déjà ce que je faisais. J’augmentais donc la quantité chaque jour », témoigne-t-elle.
Du n°10, Joséphine cuisine dans des marmites de numéros de 30 voire 40 de nos jours. Dès 11h, les mets sont déjà prêts. « Mon domicile est plein de monde. Jusqu’à 15h, nous continuons la préparation et la vente », dit-elle.
Plus de 400 clients par jour
Chaque jour est un challenge pour « Maman Babenda ». La préparation, dit-elle, du babenda nécessite une grande patience et surtout de la propreté. Joséphine et six de ses employés se réveillent dès 5h du matin. « Il faut se lever tôt pour aller chercher les feuilles d’oseilles. Ensuite, il faut bien les laver et cela peut prendre 3 heures, avant de les passer à la cuisson. A cela s’ajoute la préparation des autres mets tels que le gnon, le zamné, etc. et les jus naturels », dit-elle.
Plus de 400 personnes sont servies entre 11h et 15h, nous souffle Joséphine qui ajoute que la demande est souvent non satisfaite. « Je me demande d’où vient tout ce beau monde qui aime tant le babenda. Mais j’en suis très fière », soutient la patronne, avec une satisfaction non dissimilée.
Le plat préféré de Kadidiatou Ouédraogo, élève en classe de 3e, est le babenda. « Je tire même les cours pour venir acheter le babenda de Maman Joséphine », dit-elle souriante. Et d’ajouter : « Elle mène cette activité depuis que je n’étais pas encore née et je consomme son babenda depuis ma tendre enfance. J’aime beaucoup manger son babenda car j’y trouve un goût différent des autres, même quand on le prépare à la maison je ne le trouve pas assez bon comme pour notre maman babenda ». Alassane Sawadogo consomme lui aussi le babenda de Joséphine depuis une dizaine d’années. « Je n’ai jamais cessé d’en manger », dit-il.
Des commandes pour des cérémonies
Joséphine est fréquemment sollicitée pour des prestations dans les mariages, baptêmes, fiançailles, etc. « Je peux avoir 5 commandes par jour. Et je dois parfois limiter. C’est rentable, mais très épuisant », reconnait la cinquantenaire. Veuve depuis 2004, c’est à travers la commercialisation des mets locaux que Joséphine Bouda a pu scolariser ses enfants.
Studio Yafa avec Mousso News
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