Les élections du 22 novembre se tiendront dans un contexte économique difficile à cause des crises sécuritaire et sanitaire. Un contexte qui pourrait avoir une influence sur cette période électorale disent les spécialistes des questions économiques.
Arrêté devant son atelier, le jeune couturier Sonou Sanogo réfléchit aux difficultés qu’il traverse ces derniers temps. A l’intérieur, aucun client et les machines à coudre sont même recouvertes de pagnes. Son activité est au ralenti et c’est ainsi depuis plusieurs mois, fait-il savoir. « Il n’y a pas le marché. C’est très très difficile. Actuellement, nous sommes là sans savoir quoi faire. Pour payer le loyer, c’est très compliqué. Avec les bayeurs, si tu n’as pas eu l’argent, il va te dire, faut quitter alors qu’ils savent eux-mêmes que ça ne va pas ». Sonou est si découragé qu’il dit hésiter à prendre part à ces élections du 22 novembre.
Difficile donc pour le jeune couturier. Difficile également pour la vendeuse de banane, Samira Nassa, installée au bord de la chaussée en attendant d’éventuels clients. « En tout cas ça ne va pas ; c’est un peu un peu. Il n’y a pas le marché comme ça », fait-il savoir tout en surveillant la dizaine de banane qui mijotent sur la braise.
Ces difficultés économiques sont une des conséquences des crises sécuritaire et sanitaire indique Fidèle Bama, membre du Centre d’information, de formation et d’étude sur le budget. Et comme indicateur, le pays enregistre une baisse de la croissance économique. « Elle est ressortie (la croissance) à 2,1% en 2020 contre 5,7% en 2019. Ce qui représente une baisse relativement importante de 3,6 points de pourcentage. La situation sanitaire marquée par la pandémie de la Covid qui a joué négativement sur les activités commerciales, industrielles ainsi que l’hôtellerie et le tourisme. La croissance économique est également affectée par la situation sécuritaire depuis un certain nombre d’années et cela continue », explique Fidèle Bama.
Des difficultés économiques qui pourraient s’empirer
Le pays a également enregistré une perte de recette de l’ordre de 300 milliards de F cfa environ à cause de la crise sanitaire. Un déficit économique qui touche tous les pays de la sous-région, ajoute Fidèle Bama tout en saluant des efforts consentis par les autorités burkinabè. Mais attention, ces difficultés risquent de s’empirer ces derniers mois à cause de la période électorale, assure pour sa part l’économiste Julien Tiendrébéogo. « Tous les pays où l’économie est modelé et soumis à la loi des marchés, en période électorale, les investisseurs sont attentistes. Ils attendent l’issus des élections surtout si c’est une élection présidentielle », explique-t-il.
Toutefois, précise l’économiste, certains secteurs d’activité tels que les domaines de la publicité, du textile ainsi que la papeterie, pourront faire du profit. Des secteurs qui seront beaucoup sollicités par les partis politiques.